Fonction publique : l'institut Montaigne doute des objectifs de Fillon et Macron

En l'état, l'application des réductions d'effectifs de fonctionnaires promises par les deux candidats à la présidentielle paraît difficile, affirme mercredi l'Institut Montaigne.
En l'état, l'application des réductions d'effectifs de fonctionnaires promises par les deux candidats à la présidentielle paraît difficile, affirme mercredi l'Institut Montaigne. © AFP
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avec AFP , modifié à
En l'état, l'application des réductions d'effectifs de fonctionnaires promises par les deux candidats à la présidentielle paraît difficile, affirme mercredi l'Institut Montaigne.

La pleine application des réductions d'effectifs promises par François Fillon et Emmanuel Macron dans la Fonction publique paraît difficilement atteignable, notamment car elle dépend en partie de la politique des collectivités locales, affirme mercredi l'Institut Montaigne.

Le candidat LR à l'élection présidentielle veut supprimer 500.000 postes de fonctionnaires et contractuels en cinq ans, par le non remplacement des départs à la retraite. Le représentant d'En Marche! vise 120.000 départs non remplacés parmi les fonctionnaires d'État et territoriaux.

14 milliards d'économie pour Fillon, 3,17 milliards du côté de Macron. Selon les calculs de l'Institut Montaigne, l'économie réalisée serait de 14 milliards d'euros à l'issue du mandat de François Fillon (7,5 milliards réalisés par l'Etat, 3,1 par les collectivités et 3,4 par le secteur hospitalier) et de 3,17 milliards (1,55 par l'Etat, 1,62 par les collectivités) du côté d'Emmanuel Macron.

Toutefois, "ces deux mesures apparaissent ambitieuses" dans la mesure où "leur mise en oeuvre risque de se heurter au principe de libre administration des collectivités, garantie par la Constitution", relève l'organisme de réflexion réputé libéral.

Les mesures "coercitives" de Macron. L'objectif d'Emmanuel Macron dans la fonction publique territoriale (environ 70.000 postes supprimés, soit un départ non remplacé sur deux) "semble peu réaliste sans mise en oeuvre par l'État de mesure financière ou réglementaire coercitive", ce qu'il a semblé exclure, écrit l'institut. Il met par ailleurs en garde contre "un recours accru à l'externalisation" ou aux contractuels, qui gommerait en partie les économies réalisées, et contre l'impact possible "sur le niveau de service rendu à la population" au niveau local principalement.

La "faisabilité" des économies de Fillon en question. L'Institut Montaigne s'interroge également sur "la faisabilité" des économies espérées par François Fillon, dans la mesure où la "réduction très rapide" du nombre de fonctionnaires "conduira probablement à un recours plus important, au moins temporairement à des contractuels".

En outre, le report à 65 ans du départ à la retraite, voulu par le candidat de droite, "minorerait temporairement le flux des départs à la retraite dans la fonction publique", note-t-il dans son analyse. Enfin, les efforts demandés aux collectivités comportent un "risque de conflit social à grande échelle" qu'il convient de prendre en considération.

5,6 millions de fonctionnaires en 2015. La France comptait environ 5,6 millions de fonctionnaires fin 2015, contrats aidés inclus, selon l'Insee. La fonction publique d'État comptait 2,47 millions de personnes, la territoriale 1,98 million et l'hospitalière 1,18 million (+0,3%).