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avec AFP , modifié à
Deux jours après le retrait surprise d'accusations de Ziad Takieddine dans l'affaire dite du financement libyen, Nicolas Sarkozy a contre-attaqué vendredi, lors d'une interview a BFMTV. Il y a dit sa "colère" d'avoir été "traîné dans la boue" et la "stupéfaction".

Nicolas Sarkozy a contre-attaqué vendredi en disant sa "colère" d'avoir été "traîné dans la boue", lors d'une interview à BFMTV donnée deux jours après le retrait surprise d'accusations sur un présumé financement libyen de sa campagne 2007. "Je suis partagé entre une colère froide dont vous n'imaginez pas la profondeur et la force", et la "stupéfaction", a affirmé Nicolas Sarkozy. "C'est grave, pas simplement pour moi (...) mais pour la France, qui donne le sentiment que son ancien chef de l'Etat pouvait être un corrompu, c'est une ignominie", a-t-il ajouté. Dans cette affaire "il n'y a pas l'ombre d'un virement, pas l'ombre d'un versement", a-t-il martelé.

"Est-ce que c'est normal qu'un ancien président de la République soit trainé dans la boue ?"

En novembre 2016, alors que Nicolas Sarkozy briguait l'investiture de la droite à la présidentielle, Ziad Takieddine, sulfureux intermédiaire et l'un des principaux témoins à charge, avait affirmé avoir convoyé entre novembre 2006 et début 2007 "un total de cinq millions d'euros" dans des valises lors de trois voyages entre Tripoli et Paris. Coup de théâtre mercredi, il a retiré ses accusations, dans une vidéo dévoilée par BFMTV et Paris Match (propriété du groupe Lagardère où Nicolas Sarkozy est membre du conseil de surveillance).

"Est-ce que c'est normal qu'un ancien président de la République soit trainé dans la boue comme je le suis depuis huit ans, sur les seules déclarations d'un individu qui a menti ?", s'est interrogé Nicolas Sarkozy.
Le procureur national financier a toutefois affirmé jeudi que les charges contre Nicolas Sarkozy "ne se limitent pas aux déclarations" de Ziad Takieddine et s'appuient "sur des indices graves ou concordants".

"Pas un pourri" 

"Ce dossier n'est truffé que de faux", a répliqué Nicolas Sarkozy, mis en examen le 12 octobre pour "association de malfaiteurs" dans ce dossier, en réfutant point par point les arguments à charge. "J'ai dit aux juges : cherchez pendant un siècle (...) vous ne trouverez rien", a-t-il souligné. "J'ai honte pour mon pays", a ajouté l'ancien président, très remonté, et qui a sèchement lancé à Ruth Elkrieff qui l'interviewait : "mesurez votre vocabulaire et les choses iront beaucoup mieux".

Immédiatement après l'interview de Ziad Takieddine, Nicolas Sarkozy avait demandé à son avocat de "déposer une requête en 'démise' en examen" en l'assurant : "la vérité éclate". "Je ne suis pas un pourri, et ce qui m'est infligé est un scandale qui finira dans les annales", a affirmé vendredi Nicolas Sarkozy, qui sera jugé à partir du 23 novembre dans une autre affaire, celle des "écoutes".

"Des choses que je n'ai pas commises"

Dans cette affaire, "je ne suis pas optimiste, simplement combattif, je n'ai pas l'intention qu'on me reproche des choses que je n'ai pas commises", a-t-il assuré. "J'aime mon pays" et "tout ce que j'ai fait dans ma vie, c'est pour être aimé des Français", a-t-il assuré, affirmant une nouvelle fois qu'il n'avait pas l'intention de revenir en politique. "J'ai tourné la page" et "je suis très heureux comme cela", a-t-il affirmé, alors que les spéculations vont toujours bon train à droite sur l'hypothèse d'un retour, en cas de grave crise du pays.

Il a enfin appelé à "réfléchir à la question d'un moratoire" sur l'immigration, dont il faut selon lui rénover le droit "en profondeur". La droite, qui avait fait corps autour de son ancien chef dans les derniers rebondissements de l'affaire libyenne, s'est félicité vendredi de voir "un Nicolas Sarkozy combatif et fidèle à lui même", selon les termes du patron LR de la région Grand Est, Jean Rottner.