Financement libyen : les charges contre Sarkozy "ne se limitent pas aux déclarations" de Takieddine

Ziad Takieddine
Ziad Takkiedine s'est démenti sur les accusations portées à plusieurs reprises contre Nicolas Sarkozy. © AFP
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avec AFP , modifié à
Au lendemain du spectaculaire revirement de Ziad Takkiedine, principal accusateur de Nicolas Sarkozy dans l'affaire du financement libyen, le Parquet national financier s'est exprimé. Le procureur Jean-François Bohnert a rappelé que les mises en examen dans ce dossier s'appuyaient sur des indices graves ou concordants.

Les mises en examen dans l'enquête sur des soupçons de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 ne s'appuient pas seulement sur les déclarations de l'intermédiaire Ziad Takieddine, qui est revenu mercredi sur ses accusations contre l'ancien président, a déclaré jeudi le procureur national financier.

Rappel du code de procédure pénale

"Les mises en examen intervenues dans ce dossier s'appuient, conformément aux dispositions du code de procédure pénale, sur des indices graves ou concordants qui ne se limitent pas aux déclarations d'une seule personne", écrit le procureur Jean-François Bohnert dans un communiqué.

Dans un entretien accordé à Paris Match et diffusé mercredi soir par BFMTV, l'homme d'affaires franco-libanais, en fuite à Beyrouth, a fait volte-face en affirmant que "Nicolas Sarkozy n'a pas eu un financement libyen pour la campagne présidentielle, Mouammar Kadhafi ne pouvait le faire parce qu'il ne le faisait jamais".

Cet intermédiaire, au coeur des relations entre la France et l'ancien régime de Mouammar Khadafi, est ainsi revenu sur ses accusations répétées depuis huit ans contre le clan Sarkozy, suscitant des déclarations triomphales de l'ex-président et de dirigeants de la droite.

Accusations "dépourvues de tout fondement"

"Les déclarations de Ziad Takieddine (...) appellent les précisions et rectifications suivantes", a réagi le procureur financier en listant huit remarques.

Le PNF rappelle d'abord que Ziad Takieddine s'est exprimé sur ce financement à partir de 2012 auprès du juge chargé du volet financier de l'affaire Karachi et auprès de journalistes "allant jusqu’à s’incriminer lui-même".

Défendant ensuite les conditions dans lesquelles ses déclarations successives ont été reçues par les juges, "en présence de son avocat", le PNF souligne que "Ziad Takieddine a disposé de tout le temps nécessaire pour relire ses procès-verbaux d'auditions avant de les signer". "Il n’a jamais formulé la moindre observation sur le déroulement de ses interrogatoires", poursuit le communiqué.

Dans sa déclaration, Ziad Takieddine a mis en cause nommément le juge Serge Tournaire, initialement chargé de l'enquête jusqu'à l'été 2019. "Je le dis haut et fort, ce juge Tournaire a bien voulu tourner ça à sa manière et me faire dire des propos qui sont totalement contraires aux propos que j'ai dits", a-t-il affirmé.

Pour le procureur financier, "les accusations portées à l’encontre de Serge Tournaire (...) sont dépourvues de tout fondement". "Interrogé à six reprises par différents juges d’instruction y compris après le départ de Serge Tournaire, Ziad Takieddine n’est jamais revenu sur ses premières déclarations", souligne Jean-François Bohnert.