Financement de campagne : une enquête vise le microparti de Bruno Le Maire, le ministre «surpris»

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L'enquête préliminaire concerne le parti de Bruno Le Maire, "avec BLM". © Valerie Dubois / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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avec AFP / Crédit photo : Valerie Dubois / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Une enquête préliminaire sur le financement de campagne du microparti du ministre de l'Économie Bruno Le Maire, "Avec BLM", a été ouverte le 2 juin dernier. La BRDE doit déterminer si des dons illégaux ont été faits au travers de factures de prestataires non réglées par ce microparti.

La liste des enquêtes visant la Macronie s'allonge : des investigations viennent d'être lancées pour déterminer si le microparti du ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a bénéficié de dons illégaux lors de sa campagne pour la primaire de la droite en 2016.

 

Bruno Le Maire "surpris" de la saisine de la justice

Le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, est "surpris" que la justice ait été saisie sur le financement de son microparti, a indiqué lundi son entourage à l'AFP, affirmant que ses comptes de campagne avaient été validés. "Nous sommes surpris de la saisine de la justice par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. La CNCCFP avait en effet validé les comptes de l'association BLM sans réserve par courrier en date du 21 novembre 2022", a déclaré son entourage.

Des infractions passibles de trois ans d'emprisonnement

La Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) de la police judiciaire parisienne doit établir si des dons illégaux ont été faits à ce microparti intitulé "Avec BLM", qui avait récolté deux millions d'euros pour la primaire de la droite de 2016 selon le site Mediapart. Cette enquête préliminaire a été révélée par Mediapart et confirmée par une source proche du dossier à l'AFP.

Les investigations ont été lancées le 2 juin pour "participation au financement d'un parti politique par une personne morale par dons ou fourniture d'avantages à un prix inférieur à ceux habituellement pratiqués" et pour "acceptation par le parti politique de ces mêmes avantages", a précisé le parquet de Paris. Ces infractions sont passibles de trois ans d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende. Contacté, le cabinet de Bruno Le Maire, numéro 2 du gouvernement, n'avait pas réagi dans l'immédiat.

Des dettes annulées par le dépassement du "délai de prescription légal"

Lors de la primaire de la droite en 2016, Bruno Le Maire était arrivé en cinquième position avec 2,4% des voix. Un échec cuisant. Malgré des appels aux dons, il avait par la suite eu du mal à éponger ses dettes pour ce microparti, mis en sommeil après les échéances électorales.

Des factures de prestataires non réglées sont dans le viseur des enquêteurs. Mediapart précise que, sur "plus d'une dizaine" de prestataires non payés, les plus grosses dettes annulées émanent de deux spécialistes de la communication politique : Experian (avec une facture de 24.990 euros non réglée) et Catch Digital Strategy (9.000 euros).

Interrogée par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), dans des observations consultables en ligne, le microparti avait notamment justifié ces dettes annulées par le dépassement du "délai de prescription légal" de cinq ans.

Un nouveau membre du gouvernement confronté à des démêlés judiciaires

Avec cette enquête, c'est un nouveau membre du gouvernement qui est confronté à des démêlés judiciaires. Plusieurs figures proches du Président, du secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler au garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti en passant par le ministre des Armées Sébastien Lecornu ou François Bayrou, sont mis en cause dans d'autres dossiers pénaux. Le ministre du Travail Olivier Dussopt sera notamment jugé du 27 au 30 novembre prochains pour favoritisme, soupçonné d'avoir arrangé l'attribution d'un marché public daté de 2009-2010 au groupe de traitement de l'eau Saur lorsqu'il était maire d'Annonay (Ardèche).

Les comptes de campagnes électorales du président Emmanuel Macron, lui-même, intéressent aussi la justice : deux informations judiciaires ont été ouvertes par le Parquet national financier (PNF) sur des soupçons de financement illégal de ces campagnes et sur les liens entre des proches du président et des membres du cabinet de conseil McKinsey, qui auraient pu œuvrer gratuitement lors de la campagne présidentielle de 2017. Une enquête préliminaire pour blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravée est également en cours au PNF depuis fin mars. 

Après la seconde victoire d'Emmanuel Macron, Bruno Le Maire a été reconduit en mai 2022 à la tête de Bercy, qu'il a dirigé pendant le premier mandat de l'actuel chef de l'Etat. À 54 ans, il détient désormais le record de longévité au ministère de l'Economie et des Finances sous la Ve République. Il fut également secrétaire d'Etat aux affaires européens (2008-2009) et ministre de l'Agriculture (2009-2012).