Dans des communes confrontées à la fermeture des services publics, à la désertification médicale et commerciale, le mandat de maire est devenu un sacerdoce. Un sacrifice que ne veut plus faire aujourd'hui le maire de Saulx, près de Vesoul, en Haute-Saône. Après une agression, et malgré les 19 ans qu’il a passé à la tête de la municipalité, Christian Bresson a donc choisi de jeter l’éponge et de ne pas se présenter aux prochaines élection municipales.
Étranglé par un habitant de son village au bal du 14-Juillet, pour une simple histoire de déchets sauvages, Christian Bresson a eu un déclic. Il a décidé qu’il ne rempilerait pas pour un quatrième mandat. "On a beau se dire que l’on est maire, on ne nous respecte pas. On peut retrouver sa voiture fracassée devant chez soi", raconte-t-il à Europe 1.
Une multiplication des charges
Depuis la disparition des services publics, la mairie s’est transformée en bureau des pleurs. "Vous n’avez plus de curé, ni de maître d’école. Il ne reste que le maire. Vous servez de bon samaritain", relève-t-il. Il se retrouve contraint d’endosser tous les rôles : gendarmes, urbaniste, assistante sociale... Une charge devenue bien trop lourde à porter pour lui. "Quand la gendarmerie est partie, on est devenu gendarme. Parce qu’on vous laisse instruire les permis de construire, vous devenez urbaniste. Est-ce que je connais toutes les règles d’urbanisme ?"
"Cela me fait de l’émotion d’arrêter d'être maire", confie pourtant Christian Bresson. "J’ai passé 30 ans de ma vie au service des autres, je l’ai fait par passion", ajoute-t-il, la voix étranglée par les sanglots. La bicyclette et les petits-enfants : voici, désormais, le programme du futur ex-maire de Saulx.