Édouard Philippe 8:29
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Pauline Rouquette
Examiné dès lundi à l'Assemblée nationale, le projet de loi de réforme des retraites continue de cristalliser les crispations de l'opposition, dans l’hémicycle, mais aussi dans la rue. Une mobilisation politique, mais aussi sociale, les syndicats ayant de nouveau lancé un appel à manifester, le 20 février.

La réforme des retraites sera examinée, dès lundi, à l'Assemblée nationale. Une discussion que la majorité aborde après avoir été secouée par plusieurs polémiques, de celle concernant le congé pour le décès d'un enfant, il y a deux semaines, au tout dernier scandale sur les vidéos intimes de Benjamin Griveaux, ex-candidat LREM à la mairie de Paris. Pour Olivier Rouquan, politologue et chercheur associé au Centre d'études et de recherches de sciences administratives (CERSA), la semaine s'annonce donc tendue pour La République en Marche. 

Posture défensive de l'opposition

D'abord, les raisons de douter d'une discussion sans obstruction parlementaire se multiplient. Jusqu'ici les débats autour du texte n'ont pas été un long fleuve tranquille sur le plan parlementaire. La commission spéciale n'a pas pu terminer les travaux au vu du nombre important d'amendements (41.000) déposés par l'opposition, particulièrement le groupe La France Insoumise, dans une entreprise de résistance clairement affichée. "Bis repetita en séance publique", rappelle Olivier Rouquan qui explique que le blocage des opposants n'est finalement que la seule stratégie qui s'offre à eux. "Si bien que, de plus en plus, se pose la question du 49.3, assortie de ses pronostics. Alors, 49.3, ou 49.3 pas ?", souffle le spécialiste. 

Dans un entretien au JDD, dimanche, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, affirme qu'avoir recours au 49.3 serait une erreur. "Parce que ce texte est largement perfectible et qu'il mérite un vrai débat parlementaire". Une idée que rejoint Olivier Rouquan pour qui, le temps de la délibération est essentiel pour un texte de cette espèce. "Le temps de la délibération n'est pas celui de l'exécutif", ajoute-t-il, demandant : "sinon, on fait quoi ? On supprime le Parlement ?"

Invitée d'Europe 1, dimanche matin, la présidente du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Valérie Rabault a affirmé qu'elle fera tout, avec ses collègues députés, pour s'opposer à l'utilisation d'un 49.3, qui permettrait à l'exécutif de se passer des débats. "Nous utiliserons toutes les dispositions pour interpeller le Conseil constitutionnel pour faire casser cette loi", a-t-elle annoncé. "Dans un climat d'hystérie collective, de contrevérités, de défiance généralisée, passer le 49.3 serait terrible pour notre démocratie", ajoute Laurent Berger dans son interview donnée au JDD.

Olivier Rouquan évoque toutefois des techniques plus douces permettant un meilleur débat, un débat juste. "Le gouvernement peut, par exemple, ne retenir que certains amendements et proposer aux députés de voter."

Les syndicats, offensifs

Posture offensive, du côté des syndicats. Opposée au projet de réforme des retraites, l'intersyndicale (CGT, Force ouvrière, FSU, Solidaires) a appelé à une nouvelle journée de grèves et de manifestations le 20 février, soit trois jours après le début de l'examen du projet à l'Assemblée nationale.

Si une "journée noire" dans les transports parisiens avait initialement été annoncée pour lundi, il n'en sera rien. Les syndicats, divisés sur le calendrier de mobilisation, n'ont pas réussi à s'entendre. La CGT-RATP, qui a estimé que la date du 17 février n'était pas propice à l'élargissement des luttes et des grèves dans les autres secteurs du pays, a préféré la date du 20 février, choisie par l'intersyndicale au niveau national pour concentrer son action. Il s'agit de la dixième journée de mobilisation organisée contre le projet de loi de réforme des retraites.