Jeanne Barseghian a eu beau recueillir 42% des suffrages le 28 juin dernier, elle n'a été élue que par 15% des électeurs seulement. 3:22
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Arthur Helmbacher, édité par Ugo Pascolo , modifié à
La "vague verte" des municipales est-elle l'arbre qui cache la forêt d'une fracture socio-économique grave entre centre-ville et périphérie ? Deux semaines après le second tour, Europe 1 a mené l'enquête pour savoir si l'écologiste Jeanne Barseghian avait la même popularité dans l'hypercentre de Strasbourg qu'en banlieue. 
ENQUÊTE

Centres-villes écolos contre banlieues abstentionnistes. Le 28 juin dernier, lors du second tour des municipales, les candidats écologistes ont remporté plusieurs villes importantes, sur fond d'abstention exceptionnellement forte. Une "vague verte" qui a notamment emportée Strasbourg. Mais le phénomène mérite-t-il vraiment son surnom ou n'est-il qu'un mirage ? 

Pour en avoir le cœur net, notre correspondant à Strasbourg a décidé de se plonger dans les résultats de tous les bureaux de vote de la ville pour répondre à une question : la nouvelle maire écologiste largement élue, Jeanne Barseghian, a-t-elle la même popularité dans l'hypercentre qu'en banlieue ? Europe 1 a enquêté.

"Inconnue au bataillon"

Si elle a suscité un véritable raz-de-marée dans l'hypercentre et les quartiers à la mode de Strasbourg, la "vague verte" semble s'arrêter à la banlieue, là où l'abstention a parfois atteint 85%, comme dans le quartier de Hautepierre. Résultat : lorsqu'on montre une photo de la nouvelle maire à ces habitants, les réponses se font hésitantes, et aucune des personnes interrogées ne la reconnaît. "Inconnue au bataillon", répond même un jeune homme au micro d'Europe 1. Un phénomène qui s'explique peut-être en partie parce que Jeanne Barseghian a eu beau recueillir 42% des suffrages le 28 juin dernier, elle n'a été élue que par 15% des électeurs seulement. 

Interdire le diesel ? "Elle a pété les plombs ?"

Dès lors, il n'est pas étonnant que certains points emblématiques de son programme, comme l'interdiction des véhicules diesel dès 2025, soient loin de faire l'unanimité dans ces quartiers. "Elle a pété les plombs ?" se demande un jeune homme qui estime qu'on "ne peut pas" mettre en place une telle mesure. "Elle a cru que les gens étaient tous riches ?", lance un autre habitant. 

Des tensions plus graves que celles des gilets jaunes ?

De là à dire que cette divergence cache une réelle fracture spatio-économique ? Oui, à en croire l’ancienne maire socialiste, et candidate malheureuse cette année, Catherine Trautmann. "J’ai rencontré beaucoup de gens dans les quartiers qui m’ont fait part de leur volonté d’être dans la rue, et que ce serait violent, si la fin du diesel était actée", rapporte-t-elle. "Les gilets jaunes étaient déjà l'expression d'un malaise social des couches sociales basses de la population, mais là on peut avoir un problème plus grave de tension si on regarde l'avenir".