Enfants français bloqués en Syrie : "Si on ne fait rien, ce seront des enfants soldats"

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Ugo Pascolo , modifié à
Invité d'Europe Soir, le député UDI Pierre Morel-À-L'Huissier affirme que si les enfants des djihadistes français retenus en Syrie ne sont pas rapatriés, il y a un risque qu'ils soient endoctrinés par Daech et qu'ils deviennent des enfants soldats. L'élu pointe également "l'intérêt supérieur de l'enfant", un principe ratifié par la France. 
INTERVIEW

Il veut mobiliser les consciences. Presque six mois après une lettre ouverte à Emmanuel Macron, le député UDI Pierre Morel-À-L'Huissier a envoyé ce mercredi, avec le sénateur communiste Pierre Laurent, un courrier à l'ensemble des parlementaires français afin qu'ils se mobilisent pour le rapatriement des quelque 200 enfants de djihadistes français retenus dans des camps en Syrie. Invité d'Europe Soir, il affirme que "si on ne fait rien, comme c'est le cas à l'heure actuelle, ces enfants pourraient se retrouver dans trois quatre ans enfants soldats. Et après on s'étonnera qu'ils viennent faire des choses dans certains pays."

"Si on ne prend pas la décision tout de suite, on va peut-être la subir dans 4-5 ans"

S'ils ont actuellement entre 6 mois et 4 ans, et donc trop jeunes pour devenir soldats, le député affirme les choses vont rapidement changer. Selon lui, les enfants peuvent être endoctrinés dès l'âge de 6 ans, puisqu'ils sont en mesure d'apprendre le "pouvoir des armes". Une affirmation qu'il tire de missions réalisées il y a 15 ans au Timor Oriental autour des enfants soldats. "Si on ne prend pas la décision tout de suite, on va peut-être la subir dans 4-5 ans", abonde le député de la Lozère, sous entendant que ces enfants pourront venir commettre des exactions sur le sol français. 

Indigné, il poursuit : "je demande à tous les parlementaires de s'interroger. À un moment c'est un problème de conscience !". D'autant que, d'après lui, "ces enfants sont encore récupérables" et que "les mères sont d'accords" pour qu'ils vivent en France.

"Une question d'humanité"

Si ce combat tient tant à cœur à Pierre Morel-À-L'Huissier, ce n'est pas simplement pour l'aspect sécuritaire. Pour lui, ce dossier est une "question d'éthique personnelle". "C'est l'intérêt supérieur de l'enfant qui me fait réagir, c'est une question d'humanité. Ces enfants sont détenus dans des conditions qui ne correspondent pas à une vie normale, ils voient la prostitution, la drogue, la famine, les maladies, la mort..." 

Alors que la politique française dans cette affaire se résume à faire "du cas par cas", le député rappelle que "la France a signé toutes les conventions internationales sur l'intérêt supérieur de l'enfant, que le Défenseur des droits ainsi que toutes les organisations internationales ont émis des avis en faveur du rapatriement de ces enfants". Ce qui n'empêche pas le pays "de ne rien faire". 

"Qu'est-ce que c'est pour un pays 200 enfants ?" demande-t-il encore. S'ils sont rapatriés et rapatriés dans les différents services sociaux départementaux, Pierre Morel-À-L'Huissier rappelle que cela fera seulement "deux enfants par département" à prendre en charge.