Retraites : ce qu'il faut retenir de l'allocution d'Emmanuel Macron

Emmanuel Macron s'adresse aux Français ce lundi soir dans une allocution télévisée.
Emmanuel Macron s'adresse aux Français ce lundi soir dans une allocution télévisée. © Ludovic MARIN / AFP
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avec AFP / Crédit photo : LUDOVIC MARIN / AFP , modifié à
Le président Emmanuel Macron a prononcé une allocution d'un peu plus de 13 minutes ce lundi soir, deux jours après la promulgation de la très controversée réforme des retraites. Le chef de l'État a dévoilé une série de "trois grands chantiers" qui occuperont l'agenda politique du gouvernement dans les mois qui viennent.
L'ESSENTIEL

Clore définitivement le chapitre des retraites ? C'était en tout cas le souhait du président Emmanuel Macron à travers cette allocution télévisée prononcée deux jours après la promulgation expresse du texte controversé, jugé conforme par le Conseil constitutionnel vendredi en fin de journée. Durant un peu moins de 15 minutes, il a dressé le cap que compte tenir l'exécutif dans les mois à venir. Et dévoilé les "trois grands chantiers" sur lesquels le gouvernement s'apprête à plancher. 

Les principales informations : 

  • Emmanuel Macron a prononcé une allocution d'un peu moins de 15 minutes ce lundi soir
  • Deux jours après la promulgation de la réforme des retraites, le chef de l'État a dévoilé "trois grands chantiers"
  • Le premier dédié au "travail", le deuxième consacré à la "justice" et à "l'ordre républicain" et le troisième centré sur l'éducation et la santé

"Hors de la réalité", "pratique déconnectée du pouvoir" : les réactions des oppositions

Le leader de la France insoumise a pointé du doigt un chef de l'État "hors de la réalité" qui "assume le vol de deux ans de liberté". "Les casseroles sonnent plus juste", a-t-il ajouté. De son côté, Marine Le Pen estime qu'Emmanuel Macron "a choisi de nouveau de leur tourner le dos et d'ignorer leurs souffrances". Et la députée RN du Pas-de-Calais d'ajouter : "Cette pratique déconnectée, solitaire et obtuse du pouvoir annonce la poursuite d'un quinquennat de mépris, d'indifférence et de brutalité dont il faudra sortir par les urnes". Retrouvez toutes les réactions dans cet article

"Pas d'annonce spectaculaire", selon Bruno Cautrès. 

"Il nous a parlé d'un nouveau pacte sur la vie au travail (...) mais on ne voit pas encore de signaux extrêmement forts. Il n'y a pas d'annonce extrêmement spectaculaire. On reprend et on réinterprète les choses qu'on a déjà dites auparavant à l'aune du nouveau contexte d'aujourd'hui. Donc il y a une petite déception", avoue Bruno Cautrès, chercheur au CNRS, au micro d'Europe 1.

Quelles leçons retenir de cette allocution ?

Selon Louis de Raguenel, chef du service politique d'Europe 1, "Emmanuel Macron passe complètement à côté de l'enjeu principal du moment, c'est-à-dire comprendre la colère des Français, montrer qu'il a une capacité à rebondir et montrer qu'il a changé, ou qu'il veut changer de méthode", a-t-il estimé dans le debrief, à suivre en ce moment-même sur Europe 1.

Fin de l'allocution du président

La prise de parole du chef de l'État aura finalement duré moins longtemps que prévu. Un peu plus de 13 minutes précisément. 

Emmanuel Macron se donne "100 jours pour agir"

Emmanuel Macron s'est donné lundi "cent jours" pour lancer un plan d'"apaisement" et "d'action" d'ici le 14 juillet, après la "colère" suscitée par la réforme des retraites, chargeant sa Première ministre de présenter "dès la semaine prochaine" une feuille de route. "Nous avons devant nous cent jours d'apaisement, d'unité, d'ambition et d'action au service de la France, c'est notre devoir et je nous fais confiance, je vous fais confiance pour y arriver", a-t-il affirmé. "Le 14 juillet doit nous permettre de faire un premier bilan", a-t-il ajouté, assurant qu'Elisabeth Borne détaillerait la feuille de route "dès la semaine prochaine".

Un dernier chantier, celui du "progrès"

"L'éducation nationale doit renouer avec son ambition d'être parmi les meilleures d'Europe", estime Emmanuel Macron au moment de présenter son troisième et dernier axe. "Dès la rentrée, notre école va changer à vue d'oeil, pour les enseignants qui seront mieux rémunérés, pour les parents qui verront le remplacement systématique des enseignants absents", a-t-il ajouté tout en promettant que le "système de santé" sera "profondément rebâti". "D'ici la fin de l'année prochaine, nous devrons désengorger nos services d'urgence", assure-t-il. 

Le président évoque un "deuxième chantier" consacré à "la justice et l'ordre républicain"

 "Il n'y a pas de liberté sans lois et sans sanctions envers ceux qui transgressent le droit des autres", pose d'emblée le chef de l'État. Et d'annoncer dans la foulée que l'exécutif continuerait à recruter "plus de 10.000 magistrats et agents" et assure que "200 brigades de gendarmerie dans les campagnes" sont en cours de création". "Nous renforcerons aussi le contrôle de l'immigration illégale tout en intégrant mieux ceux qui rejoignent notre pays", a-t-il ajouté. 

Emmanuel Macron présente ses "trois grands chantiers"

"C'est le grand projet que je porte devant vous et avec vous : reconstruire et retrouver l'élan de notre nation", promet le chef de l'État. Et de préciser : "Pour cela, il nous faut tenir ce cap d'indépendance au service de cette idée de la justice, si française, et ouvrir ou reprendre pour cela trois grands axes". Avec un premier axe dédié au "travail". "Le travail doit encore mieux payer. Une série de négociations doit se tenir. Mieux partager la richesse, trouver des solutions à l'usure professionnelle, accroître l'emploi des séniors. Ce nouveau pacte de la vie du travail doit être trouvé dans les semaines qui viennent", estime le président. 

La réforme des retraites est-elle acceptée ? "Non", reconnaît Macron

"Nous en avons besoin", a indiqué le chef de l'État au moment d'évoquer l'importance, selon lui, de la réforme des retraites. "Pour autant, cette réforme est-elle acceptée ? À l'évidence non", a-t-il reconnu. "Malgré les mois de concertations, un consensus n'a pu être trouvé et je le regrette", a ajouté Emmanuel Macron. 

L'allocution commence

Le président Emmanuel Macron débute sa prise de parole en évoquant la nécessité de la réforme des retraites, promulguée dans la nuit de vendredi et samedi après l'avis favorable rendu par le Conseil constitutionnel quelques heures plus tôt. 

Un concert de casseroles dans plusieurs villes

À l'appel de l'association Attac, de nombreux opposants à la réforme des retraites s'adonnent actuellement à un concert de casseroles alors que le président Emmanuel Macron s'apprête à prendre la parole. "Macron ne nous écoute pas ? Lundi à 20 heures, nous ne l’écouterons pas !", avait indiqué l'association sur Twitter. 

Pas de grandes annonces attendues

Au cours de cette allocution, Emmanuel Macron ne devrait pas faire de grandes annonces. Le président ne changera pas non plus de Première ministre. Le chef de l'État va en profiter pour fixer le cap et afficher de la détermination, explique-t-on dans son entourage, trois jours avant de se rendre dans l'Hérault pour un déplacement sur le thème de la ruralité comme l'a révélé Europe 1.

"Il faut qu'il soit raisonnable avec les Français"

Qu'attendent les Français de l'allocution d'Emmanuel Macron ? À quelques heures de la prise de parole du chef de l'État, Europe 1 s'est rendue dans un quartier bourgeois de Lyon pour recueillir les impressions des habitants. Une première passante dit attendre des mots apaisants du président pour que la violence cesse. "Il faut qu'il soit raisonnable avec les Français, que les choses s'apaisent parce que la France est à feu et à sang", estime-t-elle.

Paul, 85 ans, souhaite de son côté que le président fixe un cap. "Il y a d'autres problèmes plus importants : la santé, l'école, l'éducation... Peut-être les abordera-t-il ?", espère ce Lyonnais.