Suivez la soirée électorale du second tour des élections législatives. 9:35
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Solène Leroux avec AFP , modifié à
La coalition présidentielle Ensemble! n'a pas obtenu la majorité absolue de 289 sièges à l'Assemblée nationale à l'issue du second tour des législatives dimanche. L'alliance de la gauche unie, Nupes, devient la principale opposition, le Rassemblement national fait une très forte percée. Europe 1 revient sur les moments forts de ce second tour.
L'ESSENTIEL

Une victoire au goût de défaite. Le camp Macron arrive certes en tête au second tour des élections législatives, mais très loin de la majorité absolue face à la forte percée de la gauche unie et aussi du Rassemblement national, selon les estimations. S'ils sont confirmés, ces résultats inédits sous la 5e République posent la question de la capacité d'Emmanuel Macron à pouvoir gouverner le pays et faire voter les réformes promises. Deux mois après sa réélection, le chef de l'État, qui avait exhorté plusieurs fois les Français à lui donner "une majorité forte et claire" n'a pas été entendu.

Les principales informations :

  • La coalition présidentielle Ensemble! n'obtient pas la majorité absolue
  • La Nupes devient la principale force d'opposition
  • Forte percée du Rassemblement national
  • Plusieurs figures de la macronie sont battus : Richard Ferrand, Christophe Castaner ou Amélie de Montchalin

Ces scores interrogent aussi sur la poursuite du bail d'Élisabeth Borne à Matignon : à la recherche d'alliés, Emmanuel Macron devra-t-il recomposer du sol au plafond son gouvernement ? "C'est un tremblement de terre. Ce n'est pas du tout ce qui était projeté, prévu, analysé, lors des dernières semaines", a analysé l'ex-conseiller régional d'Île-de-France Julien Dray sur Europe 1. "Il y a un grand perdant, c'est le président de la République. C'est la première fois qu'un président est nettement minoritaire." Autre enseignement selon lui : "Il y a eu une radicalisation dans cet entre-deux tours et elle a profité au Front national." Le discours tenu par certains cette semaine a permis "à ce qu'un certain nombre de fâchés soient devenus fachos."

Sans surprise, ce scrutin, le quatrième en deux mois après la présidentielle, a été boudé par les Français alors qu'une partie du pays subissait une vague de chaleur inédite. Le taux d'abstention devrait atteindre 53,5% selon OpinionWay pour CNews et Europe 1, en hausse de plus d'un point par rapport au premier tour (52,49%). Elle n'atteindra toutefois pas le record du second tour de 2017 (57,36%).

La Nupes, première force d'opposition

Selon les premières estimations, la coalition présidentielle Ensemble! (LREM, MoDem, Agir et Horizons) obtient entre 200 et 260 sièges selon OpnionWay Pour CNews et Europe 1. Elle serait ainsi loin de son objectif d'atteindre la majorité absolue de 289 députés sur 577, contrairement à 2017, ce qui lui avait permis d'avoir la haute main au Palais Bourbon durant cinq ans. Le camp Macron devra désormais batailler face à une gauche unie puissante (LFI, PS, EELV et PCF), qui devient la première force d'opposition avec de 160 à 200 députés, toujours selon Opinion Way.

Au premier tour, la majorité sortante était arrivée au coude-à-coude - autour de 26% des voix - avec l'alliance de gauche.

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© EUROPE 1

Le RN en force

La majorité devra aussi composer avec un Rassemblement national renforcé qui, avec de 60 à 100 sièges selon les estimations, constitue la grande surprise de ce deuxième tour, après une campagne en retrait, effacée par le duel entre le camp Macron et la gauche. Conséquence, le RN sera en mesure de former facilement un groupe parlementaire, soit au moins 15 députés, ce qui donne davantage de moyens et de temps de parole. Le parti de Marine Le Pen, réélue dans le Pas-de-Calais, n'y était parvenu qu'une fois dans son histoire, de 1986 à 1988, du temps du Front national, grâce à la proportionnelle.

Au premier tour, il avait totalisé 18,7%, soit 5,5 points de plus qu'en 2017, devant Les Républicains et ses alliés de l'UDI tombés à 11,3%. Ces derniers, qui représentaient la deuxième force dans l'Assemblée sortante, sont crédités de 65 à 80 députés seulement, selon OpinionWay.

"La déroute du parti présidentiel est totale et aucune majorité ne se présente", dit Mélenchon

Le chef de file de la Nupes, Jean-Luc Mélenchon, a estimé dimanche que la "déroute du parti présidentiel" était "totale" et qu'"aucune majorité" ne se présentait, au soir du second tour des législatives.

Le chef de file de l'union de la gauche a fustigé "l'échec moral" des membres de la majorité "qui donnaient des leçons à tout le monde sans arrêt et qui se prétendaient le barrage à l'extrême-droite et qui ont eu pour principal résultat d'en avoir renforcé les rangs".

Le Pen se félicite du groupe de "loin le plus nombreux de l'histoire de notre famille politique"

La cheffe de file du Rassemblement national Marine Le Pen s'est félicitée de son côté d'avoir le groupe de "loin le plus nombreux de l'histoire de notre famille politique", qui assurera "une opposition ferme" mais "respectueuse des institutions". "Nous incarnerons une opposition ferme, sans connivence, responsable, respectueuse des institutions, parce que notre seule boussole, c'est l'intérêt de la France et du peuple français". Et de souligner que le RN aura "de loin le groupe le plus nombreux de l'histoire de notre famille politique".

"Nous travaillerons dès demain à construire une majorité d'action, il n'y a pas d'alternative", déclare Borne

La Première ministre Élisabeth Borne, fraîchement élue dans le Calvados, a déploré une "situation inédite" qui "constitue un risque pour notre pays". "Nous travaillerons dès demain à construire une majorité d'action, il n'y a pas d'alternative", a-t-elle déclaré.

Olivier Véran : "Nous allons construire très vite une majorité absolue"

Olivier Véran, le ministre des Relations avec le Parlement, a assuré que le camp présidentiel allait "construire très vite une majorité pour qu'elle devienne absolue à l'Assemblée nationale". "Nous allons construire très vite une majorité pour qu'elle devienne absolue à l'Assemblée nationale", sachant que "d'autres groupes nous permettront d'obtenir le quota de voix suffisant pour présenter les réformes et faire adopter les textes", a avancé dimanche l'ex-ministre de la Santé sur TF1.

Jérôme Guedj annonce sa victoire face à la ministre Amélie de Montchalin

Le candidat de la Nupes, Jérôme Guedj, a annoncé dimanche soir sur France 3 sa victoire au second tour des législatives face à la ministre de la Transition écologique Amélie de Montchalin dans la 6e circonscription de l'Essonne. L'ancien député frondeur du PS va ainsi retrouver à 50 ans un poste qu'il a déjà occupé de 2012 à 2014, tandis que la ministre de 37 ans, qui avait été largement distancée au premier tour, devrait quitter le gouvernement après cette défaite.

Christophe Castaner, figure du camp présidentiel, battu dans les Alpes-de-Haute-Provence

Le président du groupe LREM (rebaptisé Renaissance) à l'Assemblée nationale Christophe Castaner a été battu au second tour des élections législatives dans les Alpes-de-Haute-Provence par Léo Walter, le candidat de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). Léo Walter (Nupes), 50 ans, a obtenu 51,49% des voix et Christophe Castaner, 56 ans, 48,51%. Député socialiste élu en 2012 dans la 2e circonscription des Alpes-de-Haute-Provence (et réélu en 2017 sous l'étiquette de la majorité présidentielle), l'ancien ministre de l'Intérieur, proche d'Emmanuel Macron, Christophe Castaner était candidat à un troisième mandat successif.

Richard Ferrand (LREM) "prend acte" de sa défaite

Le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand (LREM) a reconnu sa défaite dimanche soir au second tour des élections législatives. "Je viens de prendre acte des résultats indiquant que les électrices et les électeurs de la 6e circonscription du Finistère ont choisi d'élire députée ma concurrente", a déclaré ce proche d'Emmanuel Macron et pilier de la macronie, adressant également ses "félicitations" et "voeux de plein succès" à son adversaire Mélanie Thomin (Nupes).

"Le RN va être la seule force d'opposition sérieuse", fustige Jordan Bardella

Le président par intérim du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella a salué dimanche soir un "tsunami" pour son parti qui aurait entre 60 et 100 députés selon les estimations d'OpinionWay. "C'est une vague bleue marine partout dans le pays. L'enseignement de ce soir, c'est que le peuple français a fait d'Emmanuel Macron un président minoritaire", s'est-il réjoui sur TF1.

À propos du rôle à venir du RN en tant que force d'opposition, Jordan Bardella a assuré sur CNews et Europe 1 que son parti "n'était pas l'extrême gauche, et qu'on ne veut pas transformer l'Assemblée nationale en squat ou en faire une ZAD". "Le RN va être la seule force d'opposition sérieuse", a-t-il encore assuré. "Ce soir, c'est le peuple français qui rentre à l'Assemblée nationale", a assuré le président par intérim. "Jupiter a été mis en minorité ce soir", a-t-il encore attaqué.

Sandrine Rousseau (EELV) salue un résultat "tout à fait historique"

Le résultat des élections législatives est "tout à fait historique", a déclaré dimanche Sandrine Rousseau (EELV) sur TF1. "Jamais la gauche n'avait mis en minorité relative le président sortant", s'est félicitée la candidate EELV pour la Nupes dans la 9e circonscription de Paris.

Plus jeune député de l'histoire... pour le moment

La Nupes s'est félicitée de ses résultats en outre-mer, huit des neuf candidats soutenus par la coalition de gauche ayant été élus en Martinique, en Guadeloupe et en Guyane, où on a voté dès samedi et qui restent donc majoritairement à gauche. À noter aussi, l'élection en Polynésie de l'indépendantiste Tematai Le Gayic qui pourrait devenir, à 21 ans, le plus jeune député de l'histoire de la Vème République, sachant qu'il restait en métropole encore deux candidats en lice plus jeunes que lui.