Élisabeth Borne dit qu'elle «ne comprend plus» certaines positions de la Ligue des droits de l'Homme

La Première ministre Élisabeth Borne.
La Première ministre Élisabeth Borne. © XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
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avec AFP
Quelques jours après que Gérald Darmanin a indiqué vouloir "regarder" les subventions politiques accordées à la Ligue des droits de l'homme, Élisabeth Borne a affirmé ce mercredi qu'elle ne "[comprenait] plus" certaines prises de positions de l'association. Son président s'est dit "révolté".

Elisabeth Borne a affirmé mercredi qu'elle ne comprenait plus certaines des prises de position de la Ligue des droits de l'Homme, dont le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin voulait "regarder" les subventions publiques. "J'ai beaucoup de respect pour ce que la LDH a incarné. Je ne comprends plus certaines de ses prises de position", a déclaré devant le Sénat la Première ministre. "Cette incompréhension (...) s'est fait jour dans ses ambiguïtés face à l'islamisme radical. Et elle s'est confortée depuis quelques mois", a-t-elle ajouté.

La cheffe du gouvernement a également rappelé que la LDH avait récemment "attaqué un arrêté interdisant le transport d'armes par destination à Sainte-Soline" dans les Deux-Sèvres, lieu d'affrontements entre manifestants opposés aux mégabassines (retenues d'eau) et forces de l'ordre. Élisabeth Borne a assuré qu'il n'était "pas question de baisser par principe la subvention de telle ou telle" association, souhaitant "comme tous les membres du gouvernement, que les associations de soutien aux droits de l'Homme poursuivent leur action de vigie, d'ailleurs largement financée par l'Etat et les collectivités".

"Ça n'est pas en excusant des violences qu'on les défend"

"Mais dialoguer avec les associations sur leurs actions est aussi une responsabilité, dès lors qu'il s'agit de financement public", a poursuivi la Première ministre. Gérald Darmanin, lors d'auditions devant le Parlement la semaine dernière, avait déclaré que "la subvention donnée par l'Etat" à la LDH "mérite d'être regardée dans le cadre des actions qui ont pu être menées". Il avait suscité un tollé à gauche. La LDH, association fondée en 1898, a déployé notamment ces dernières semaines des observateurs citoyens lors de manifestations pour, entre autres, documenter le dispositif de maintien de l'ordre.

 

"Manifester est un droit fondamental, ça n'est pas en excusant des violences qu'on le défend, au contraire", a souligné Élisabeth Borne. "Il doit pouvoir s'exercer dans la sécurité". "Alors, nous continuerons à agir pour protéger ce droit pour protéger les manifestants, pour protéger les Français", a-t-elle fait valoir, en rendant "hommage" aux policiers et aux gendarmes qui assurent "l'ordre républicain". Pour elle, l'appel au soutien à la LDH publié en Une de L'Humanité, traduit "essentiellement" l'"attachement" des signataires à son "histoire collective".

Le président de la Ligue des droits de l'Homme "révolté"

Dans la foulée, le président de la Ligue des droits de l'Homme Patrick Baudouin s'est déclaré mercredi "révolté" par "l'amalgame" d'Elisabeth Borne. Sollicité par l'AFP, le président de la LDH s'est dit "surpris de la déformation" de la position de l'association fondée en 1898. "L'amalgame que fait Madame Borne me hérisse et me révolte. C'est le combat que j'ai mené à peu près toute ma vie", a réagi Patrick Baudouin, appelant la Première ministre à "apaiser le débat et non envenimer les choses".

"Je ne lui fais pas de procès d'intention mais je trouve qu'elle cède à des petites sirènes qui la font glisser vers des propos qui ne sont pas acceptables à notre égard (...) Je sais que c'est une petite musique qui court du côté de certains de nos adversaires situés plutôt à droite, voire à l'extrême droite", a souligné Patrick Baudouin. "J'ai écrit à Élisabeth Borne pour lui demander un rendez-vous. Je suis tout prêt à un débat public, à exposer, à échanger, par rapport éventuellement aux critiques qui nous sont faites", a-t-il ajouté.