Macron veut réunir un "Conseil national de la refondation". 1:53
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Arthur de Laborde et Caroline Baudry, avec AFP , modifié à
Dans un entretien à la presse régionale diffusé vendredi soir, Emmanuel Macron a affirmé vouloir réunir après les législatives un "Conseil national de la refondation" avec les "forces politiques, économiques, sociales, associatives" ainsi que des citoyens tirés au sort, pour "atteindre" cinq objectifs qui toucheront notamment au pouvoir d'achat et à l'écologie.

Un "Conseil national de la refondation" pour "agir vite et fort" : Emmanuel Macron veut réunir dès après les législatives les forces politiques, économiques, sociales, associatives du pays mais aussi des citoyens tirés au sort pour lancer ses réformes touchant au pouvoir d'achat, à l'écologie, aux institutions et aux retraites. "Ce conseil, que je lancerai moi-même, sera enclenché dès après les législatives" des 12 et 19 juin, a annoncé le chef de l'Etat dans un entretien à plusieurs quotidiens régionaux diffusé vendredi soir.

Répondre aux "cinq" objectifs du quinquennat

Il répondra aux "cinq" objectifs du quinquennat Macron II : "l'indépendance (industrielle, militaire, alimentaire...), le plein emploi, la neutralité carbone, les services publics pour l'égalité des chances et la renaissance démocratique avec la réforme institutionnelle". Et agira sur les priorités définies en début de mandat : le pouvoir d'achat, la santé, l'éducation et la transition écologique.

Assumant le parallèle avec le Conseil national de la résistance (CNR) durant la Seconde guerre mondiale, le président a estimé que la France vivait dans un "temps comparable", alors que Marine Le Pen a dénoncé un "énième artifice de communication". "Nous sommes dans une ère historique qui impose de changer profondément de modèle et puis la guerre est là", en Ukraine, a dit M. Macron, déroulant sa "nouvelle méthode" de gouvernance promise durant la campagne présidentielle.

"Les Français sont fatigués des réformes qui viennent d'en haut", a estimé le chef de l'Etat, qui avait déjà évoqué la veille la nécessité d'inverser la "pyramide". Pour cela, le Conseil national de la refondation associera "les forces politiques, économiques, sociales, associatives, des élus des territoires et de(s) citoyens tirés au sort", a-t-il détaillé.

Le chef de l'Etat s'attaquera en premier lieu au pouvoir d'achat

Après une "première séquence de plusieurs jours", il se réunira dans le cadre de "rendez-vous réguliers" et s'attaquera en premier lieu au pouvoir d'achat, préoccupation numéro un des Français. "Dès cet été sera voté la loi pouvoir d'achat et un texte de simplification et d'urgence pour les projets d'énergie", a-t-il précisé.

Concernant le chèque alimentaire, "l'idée est plutôt qu'il soit versé en une fois", a-t-il dit, écartant donc a priori des paiements réguliers, sur lesquels il est plus difficile ensuite de revenir. Des mesures ciblées seront par ailleurs mises en place, notamment sur l'essence avec un "dispositif pour les gros rouleurs dès cet automne". La ristourne de 18 centimes sur les carburants sera prolongée en août, a-t-il aussi confirmé

La réforme des retraites entrera en vigueur "dès l'été 2023"

La réforme des retraites, que l'exécutif a plutôt mise en sourdine à l'approche des législatives, entrera en vigueur "dès l'été 2023", a assuré le président, sans entrer dans les détails.

Sur l'école et la santé, une fois les "objectifs et les moyens" définis, des discussions commenceront "dès septembre" sur le terrain, "dans les 1200 bassins de vie", associant "toutes les parties prenantes".

Et sur l'hôpital, il a promis pour "dès juillet des décisions d'urgence indépendamment du conseil de refondation".

Sur un tout autre sujet, la possible levée du retrait de points pour les excès de vitesse de moins de 5 km/h, il a confirmé par ailleurs qu'un travail est en cours.

Emmanuel Macron a réfuté tout temps mort ou atonie en ce début de quinquennat, alors que les interrogations commençaient à poindre jusque dans la majorité à une semaine des législatives. "Il faut distinguer agir vite et fort et la précipitation", a-t-il lancé, tout en concédant ne bénéficier d'aucun état de grâce en ce début de second quinquennat.

Le gouvernement Borne empêtré dans les polémiques

Le gouvernement Borne a été très vite rattrapé par des accusations de viol contre le nouveau ministre des Solidarités Damien Abad et par le chaos au Stade de France le soir de la finale de la Ligue des Champions qui l'a "indigné". "La protection de la présomption d'innocence est importante (..) Damien Abad y a droit comme tout citoyen. Je souhaite qu'il puisse mener à bien son travail", a répliqué le chef de l'Etat.

Sur le plan politique, il s'en est pris à ses rivaux, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen qui portent selon lui des projets "de désordre et de soumission". Alors que le leader insoumis souhaite devenir "Premier ministre" si la Nupes obtient aux législatives la majorité, Emmanuel Macron affirme : "Il est rare de gagner une élection à laquelle on ne se présente pas. Aucun parti politique ne peut imposer un nom au Président."

Une nouvelle méthode de travail qui peine à convaincre

La sphère politique n'a pas tardé à réagir après cette annonce. Alexis Corbière de la France Insoumise dénonce un "bidule" tandis que l'eurodéputé LR, François-Xavier Bellamy, critique "une récupération politique assez médiocre.

Dans le milieu syndical, cette nouvelle méthode ne convainc pas non plus. "Le Conseil national de la résistance (CNR) avait mis en place des mesures de progrès social, notamment la mise en place de la sécurité sociale et du droit à la retraite", précise Sandrine Mourey, membre de la commission exécutive fédérale pour la CGT. "Je m'interroge, quels sont les objectifs ? On a malheureusement l'expérience de la convention citoyenne où il avait fait participer les citoyens, et au bout du bout, rien n'en était ressorti, le maître du jeu était resté Emmanuel Macron qui avait choisi quelles mesures devaient rester et quelles mesures ne devaient pas être mises en place."

Sandrine Mourey assure que la CGT sera aux côtés des salariés et des retraités pour défendre leurs droits.