Droit à l'aide à mourir : argument par argument, les opposants à ce texte tentent de raisonner ses défenseurs
Les députés ont poursuivi lundi l'examen de la très sensible proposition de loi ouvrant un droit à l'aide à mourir et ont commencé à discuter des conditions pour y accéder. Les amendements sont nombreux, les débats sont longs et peu importe les étiquettes politiques, argument par argument, les opposants à ce texte tentent de raisonner ses défenseurs.
L'Assemblée a longuement débattu lundi des critères à graver ou non dans le marbre de la proposition de loi pour un "droit à l'aide à mourir", adoptant notamment des amendements pour encadrer l'appréhension de la "souffrance psychologique". Le texte prévoit cinq conditions cumulatives, comme être atteint "d'une affection grave et incurable, quelle qu'en soit la cause, qui engage le pronostic vital, en phase avancée" ou "terminale". Mais la notion de "phase avancée" questionne depuis plusieurs semaines les députés, certains la jugeant trop floue.
La phase avancée caractérisée
Le gouvernement a fait adopter lundi un amendement calqué sur une définition retenue par la Haute autorité de santé (HAS), caractérisant la "phase avancée" par "l'entrée dans un processus irréversible marqué par l'aggravation de l'état de santé de la personne malade qui affecte sa qualité de vie".
Pour la députée du Rassemblement national, Marine Hamelet, le terme "phase avancée" est bien trop flou. "C’est une notion bien trop subjective ! Cela va mettre nos soignants une fois de plus dans l’embarras !" lance-t-elle. Face aux contre-arguments du rapporteur du texte, le député pro-euthanasie Olivier Falorni, l’élu LR Philippe Juvin, par ailleurs professeur de médecine, chef de service des urgences de l’hôpital Pompidou à Paris, réplique.
"Ainsi qu’il est écrit, et je le regrette, nous allons inclure potentiellement des patients qui ont plusieurs années à vivre. Dans ces cas-là, il ne faut pas dire que c’est l’ultime recours, on est sûr autre chose et je veux que chacun l’ait en tête", affirme-t-il.
Présenter une souffrance physique ou psychologique
Mais c'est une autre condition qui a longuement agité l'hémicycle : dans la version issue de la commission le texte prévoyait que le patient doive "présenter une souffrance physique ou psychologique" qui est "soit réfractaire aux traitements, soit insupportable selon la personne" lorsqu'elle a choisi de ne pas recevoir ou d'arrêter un traitement.
"Si on se base uniquement sur l’existence d’une souffrance psychologique, alors, on peut douter de l’existence même du discernement et de la qualité de ce dernier. Le cas échéant, il faut assumer d’ouvrir l’euthanasie à tout à chacun parce que c’est ce vers quoi on se dirige", juge Alexandre Allegret-Pilot. Une mise en garde qui ne semble pas alerter les défenseurs de cette proposition de loi, bien décidés à aller jusqu’au bout.