Drogues : les amendes payées sur le champ, «fausse bonne idée» selon des syndicats de policiers

© Andrea Savorani Neri / NurPhoto / NurPhoto via AFP
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avec AFP
Des syndicats de police estiment que faire payer immédiatement les amendes pour consommation de drogue sur le champ est une fausse bonne idée. Dimanche, Emmanuel Macron a annoncé cette éventualité pour améliorer le taux de recouvrement de ces amendes, qui est aujourd'hui de seulement 35%.

Le paiement immédiat, par carte bancaire ou en liquide, des amendes forfaitaires pour consommation de drogue afin d'améliorer leur recouvrement est une "fausse bonne idée", ont réagi lundi des syndicats de police au lendemain de cette annonce par Emmanuel Macron. Dans un entretien au quotidien La Provence mis en ligne dimanche soir, avant un déplacement de trois jours à Marseille, le chef de l'Etat a annoncé qu'un décret était prévu "pour la fin de l'été" pour mettre en place la possibilité de payer sur le champ.

35% des amendes dressées réglées.

L'amende forfaitaire visant les consommateurs de drogue, d'un montant de 200 euros sans majoration ni récidive, a été étendue à toute la France en septembre 2020. Mais depuis, seules 35% des 350.000 amendes dressées ont été effectivement réglées. "Ce n'est pas le rôle d'un policier d'être un percepteur public. On est là pour interpeller, verbaliser. Le recouvrement, c'est le Trésor public", a réagi à l'AFP Eric Henry, délégué national d'Alliance, l'un des principaux syndicats chez les gardiens de la paix.

"C'est une fausse bonne idée"

"Les consommateurs vont vite comprendre et n'auront jamais leur carte sur eux. Quant au paiement en liquide, si une partie de la somme en liquide manque, doit-on faire signer une reconnaissance de dette ?", s'interroge-t-il. "C'est une fausse bonne idée. Les policiers ont déjà bien assez de difficultés sur le terrain et de missions sans que l'on vienne leur ajouter une charge supplémentaire de cette nature", abonde Grégory Joron, d'Unité SGP-Police FO. "Ce sont les services fiscaux qui doivent être renforcés, visiblement", ajoute-t-il.

Si le paiement par carte bancaire existe déjà, surtout pour les infractions au code de la route, "le paiement en espèces sur la voie publique reste quant à lui trop fastidieux", notamment en raison des "contraintes liées au transport et à la gestion du numéraire", a estimé dans un communiqué Unsa Police.