Des députés quittent le groupe LREM : "ce n’est pas nous qui faisons une trahison"

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La création d’un groupe parlementaire va être annoncé mardi en fin de matinée. Parmi ses membres figureront des dissidents du groupe majoritaire, celui de La République en marche. Emilie Cariou, élue de la Meuse, explique sur Europe 1 cette décision par une volonté de revenir "aux valeurs d’origine" du macronisme.
INTERVIEW

Un neuvième groupe parlementaire va voir le jour sous peu à l’Assemblée nationale. L’annonce officielle en sera faite mardi en fin de matinée, mais on sait déjà que ce nouveau collectif, appelé Ecologie, démocratie, solidarité comptera une petite vingtaine de membres, dont certains qui quitteront l’actuel groupe majoritaire. Parmi eux, Matthieu Orphelin, Aurélien Taché, Cédric Villani ou encore Emilie Cariou, tous accusés par des élus LREM au mieux de désertion, au pire de trahison, d’autant que ces défections font perdre la majorité absolue à LREM.

Ce n’est pas nous qui faisons une trahison. Au contraire, on estime qu’on revient à nos valeurs d’origine", rétorque mardi sur Europe 1 Emilie Cariou, élue de la Meuse.

En creux, la députée accuse donc le groupe majoritaire, mais aussi le gouvernement, d’avoir trahi les valeurs du macronisme. "On estime qu’il y a urgence à pousser des projets de transition écologique mais aussi de favoriser des solidarités au sein de notre pays", explique Emilie Cariou. "Dans le projet d’origine d’Emmanuel Macron, il y avait 'libérer et protéger'. Libérer, on l’a fait. En revanche, le ‘protéger’ à l’évidence n’est pas là."

"Un appauvrissement du débat démocratique"

"Ce n’est pas de gaité de cœur qu’on quitte un groupe parlementaire dans lequel on a travaillé. Dans les modalités de fonctionnement du groupe parlementaire avec le gouvernement, c’est évident qu’on ne peut pas pousser ces sujets-là", argue encore l’élue de la Meuse. "Très clairement, depuis la réforme des retraites, il y a eu un durcissement, il y a un appauvrissement du débat démocratique. Ça a commencé par un 49.3. Et quand la semaine dernière le gouvernement présente un projet de loi avec 30 ordonnances à examiner en trois jours, ce n’est pas un respect du Parlement."

Ce neuvième groupe tentera donc dans les semaines à venir de tirer la politique du gouvernement vers la gauche. "Plutôt que de parler d’aile gauche je parle d’aile sociale ou d’aile solidarité. Et Il faut que l’écologie imbibe toute nos prises de position en matière de politiques publiques", précise Emilie Cariou. "Ce groupe nous permettra au moins d’être plus présents dans le débat démocratique, avec des enjeux très importants à venir, notamment le plan de relance, et notamment les prochaines lois de financement de la sécurité sociale et de l’hôpital public". Et, prévient-elle, "Nous estimons par exemple que ce n’est pas aux travailleurs de faire des efforts supplémentaires pour le financement de l’hôpital public."

Les 17 membres du neuvième groupe à l'Assemblée nationale : 

- 7 Membres du groupe LREM ou apparentés

Emilie Cariou (Meuse)
Annie Chapelier (apparentée, Gard)
Guillaume Chiche (Deux-Sèvres)
Yolaine de Courson (Côte d'Or)
Hubert Julien-Laferrière (Rhône)
Aurélien Taché (Val-d'Oise)
Cédric Villani (Essonne), toujours membre du groupe, après son exclusion du parti fin janvier, après avoir maintenu sa candidature dissidente à Paris

- 9 ex-"marcheurs", exclus ou partis

Delphine Bagarry (Alpes-de-Haute-Provence), non-inscrite
Paula Forteza (Français de l'étranger), non-inscrite
Albane Gaillot (Val-de-Marne), non-inscrite
Sébastien Nadot (Haute-Garonne), non-inscrit
Matthieu Orphelin (Maine-et-Loire), apparenté au groupe Libertés et Territoires
Jennifer de Temmerman (Nord), non-inscrite
Sabine Thillaye (Indre-et-Loire), non-inscrite
Frédérique Tuffnell (Charente-Maritime), non inscrite
Martine Wonner (Bas-Rhin), non-inscrite

- 1 non-"marcheur"

Delphine Batho (Deux-Sèvres), ex-ministre PS à l'Ecologie et présidente de Génération Ecologie