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Margaux Baralon , modifié à
Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux retraites, a démissionné de son poste après des révélations sur ses mandats non déclarés. Philippe Martinez, patron de la CGT, a salué lundi soir sur Europe 1 un homme doué pour le débat. Néanmoins, sa démission paraissait inéluctable aux yeux du syndicaliste, qui en appelle au respect des procédures judiciaires.
INTERVIEW

Jean-Paul Delevoye a fini par jeter l'éponge. Lundi, le haut-commissaire aux retraites a présenté sa démission, acceptée par Emmanuel Macron. Depuis plusieurs jours, il était sous les feux des projecteurs après la révélation, par la presse, de treize mandats non déclarés, pour certains incompatibles avec un poste au gouvernement. À l'annonce de sa décision, plusieurs syndicalistes ont salué son sens du dialogue. Philippe Martinez, patron de la CGT interrogé sur Europe 1 dans la soirée, en a fait autant sans pour autant regretter son départ.

"Il aime le débat, la confrontation. J’ai eu l’occasion de me confronter à lui pendant de longues minutes", a déclaré le syndicaliste. Qui voit là une différence fondamentale avec Emmanuel Macron. "Il est de la vieille école, donc tout à fait le contraire de ce que prône [le président, à savoir] écarter les syndicats."

"Tout le monde doit respecter la loi dans notre pays"

Pas question, néanmoins, de trouver des circonstances atténuantes à Jean-Paul Delevoye, qui a omis de déclarer à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique pas moins de treize fonctions parallèles à la sienne. "Les qualités n'empêchent pas le respect de la loi", a tranché Philippe Martinez. "Je pense qu’il a assumé ses responsabilités et que tout le monde doit respecter la loi dans notre pays. Il y a des procédures à respecter dans notre pays. Que chacun les respecte."

Surtout, le numéro un de la CGT a tenu à rappeler que le départ du haut-commissaire ne changeait rien à son propre combat contre le projet de réforme. "Pour nous, le fond reste le même. Face à un mauvais projet, nous disons qu'il faut le retirer et discuter d'améliorer le système. Le problème, c'est le projet, qui individualise notre système de retraite."

L'abandon de l'âge pivot ne suffira pas à calmer la CGT

Philippe Martinez a également refusé de faire de l'âge-pivot sa seule ligne rouge. Dans le projet, cet âge pivot, fixé à 64 ans, permet de partir à la retraite à taux plein. Autrement dit, même si en théorie l'exécutif ne touche pas à l'âge de départ, de 62 ans, dans les faits il faudra attendre deux ans de plus pour toucher l'intégralité de sa pension. Pour certains syndicats, notamment la CFDT, c'est cette mesure qui cristallise le mécontentement. Le gouvernement pourrait donc revenir dessus afin de calmer les esprits. Mais cela ne suffira pas à la CGT, a prévenu son leader.

"C'est l'ensemble du projet que nous contestons. [Si l'âge pivot est abandonné], les grévistes jugeront. Mais pour nous, à la CGT, non", cela ne suffit pas à arrêter le mouvement de grève. Alors que Matignon a annoncé avoir invité syndicats et patronat mercredi à partir de 14h30 pour une nouvelle rencontre, Philippe Martinez a précisé n'avoir "pas eu connaissance de l'invitation".

 

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