Tacitement, l'ultimatum de quatre fédérations de la CGT au gouvernement s'adresse aussi à la centrale. 1:00
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Emmanuel Duteil et Elise Denjean, édité par Romain David , modifié à
Plusieurs fédérations de la CGT menacent d'amplifier la grève si le gouvernement ne retire pas son projet de réforme des retraites cette semaine. De son côté, l'exécutif se montre plutôt soucieux de négocier avec la CFDT, redoutant davantage le pouvoir de nuisance du premier syndicat de France.
ANALYSE

La CGT a lancé un ultimatum au gouvernement. Quatre fédérations (les transports, les cheminots, mines-énergie et les industries chimiques) laissent une semaine au gouvernement pour retirer sa réforme et relancer des négociations. Si ce n’est pas le cas, ils menacent d’amplifier la grève. Gérald Darmanin, le ministre de l’Action et des Comptes publics, leur a répondu dimanche : "La République ne peut pas subir de chantage", a-t-il déclaré sur BFMTV. Surtout, le gouvernement estime que le véritable pouvoir de nuisance est désormais entre les mains de la CFDT.   

"On est dans une bataille", estime Sébastien Menesplier, secrétaire général de la FNME-CGT (fédération des mines et de l'énergie). "Nous sommes très en colère, et si cette semaine le Premier ministre ne crée pas les conditions de retirer sa réforme, pendant les quinze jours de vacances il faudra s’attendre à des perturbations d’un niveau de celles que l’on connait depuis douze jours", avertit ce syndicaliste. "C’est un peu à la vie à la mort", résume un spécialiste des syndicats pour Europe 1. "Si la réforme passe, ce sera très dur pour le syndicat de s’en remettre", analyse-t-il.

Quitte ou double

Cet ultimatum est aussi à destination interne ; ces quatre grosses fédérations ont encore chacune de vrais bastions que ce soit à la SNCF, chez Total ou chez EDF. Elles adressent donc un message à Philippe Martinez : il ne faut rien céder, ne rien négocier. Mais voilà, la CGT n’est plus à la manœuvre comme elle a pu l'être par le passé. À l’exception de ces bastions qui peuvent encore bloquer la France, elle a du mal à emmener les salariés du privé. Surtout, le vrai match se déroule entre Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT et le Premier ministre.

Le gouvernement a compris qu’il ne pouvait rien tirer de la CGT. Il n’essaye même pas, ce qui irrite beaucoup au siège de la centrale, selon un expert. "Laurent Berger monopolise les médias, la CGT fait de la surenchère pour repasser devant au risque de se mettre vraiment à dos l’opinion publique", glisse un cadre de la CFDT.