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R.Da. , modifié à
Les socialistes se réunissent samedi et dimanche à Aubervilliers pour tenter de tourner la page de la débâcle électorale de 2017.
INTERVIEW

Le Parti socialiste, réunit ce week-end en congrès à Aubervilliers, investit officiellement son nouveau premier secrétaire, Olivier Faure. À sa charge de restaurer un parti en crise depuis la claque électorale de 2017. Jean-Marie Le Guen, ancien secrétaire d’État de François Hollande, appelle de ses vœux la nouvelle génération, qui devrait prendre les manettes du parti à l’issue de cette rencontre, à tourner définitivement la page d’un PS qui vit toujours sur les bases du congrès d’unification d’Épinay, en 1971. "Le PS était assis sur une génération, un mouvement social, une transformation de la société. Il était en phase avec cela, là, on a plutôt un parti qui est dans la nostalgie et le vintage en quelque sorte, et qui n’a pas mesuré l’ébranlement de 2017",  a-t-il commenté samedi, au micro de la matinale d’Europe 1.

"L’aura du parti des années 1970". Pour celui qui reste conseiller de Paris, le PS est arrivé à "la fin d’un cycle". "Je pense que le PS d’Épinay a été l’aboutissement politique d’un cataclysme générationnel apparu en mai 1968, un glissement profond de la société, l’idée que la gauche devait succéder à la droite pour gouverner le pays", estime-t-il. "Le Parti socialiste était l’instrument que s’est donné le mouvement social et cette génération pour proposer une alternative de gouvernement". Mais pour l'élu, près de 50 ans plus tard, le parti a perdu cette base sociale et doit se réinventer. "On a vécu pendant très longtemps sur l’aura du parti des années 1970", déplore-t-il.

Un parti sans attache. Pour preuve de cette déconnexion du parti avec le mouvement social, Jean-Marie Le Guen évoque l’un des incidents qui ont émaillé la mobilisation du 22 mars, contre les réformes du gouvernement. "Quand vous avez Olivier Faure et ses amis qui vont à une manif et se font siffler, quand une certaine gauche prétend se réunifier mais exclut a priori Olivier Faure et le PS, c’est eux qui ont raison (dans leur analyse, ndlr). Il y a un mur entre la gauche de monsieur Besancenot et de Hamon, qui de manière un peu naïve et pathétique court derrière Besancenot, et ce qu’est l’histoire du PS, qui n'a rien à voir avec ces gens-là", explique-t-il. "Mes amis du PS continuent de croire qu’il est possible d’oublier que la France a décidé de vivre autrement son débat politique."

"Vraiment de gauche et vraiment réaliste", avait résumé vendredi Olivier Faure au micro d’Europe 1, quant à la philosophie qu’il souhaite insuffler au PS. "Ça fait partie des petites facilités de langage qui ont été celle du Parti socialiste depuis 20 ans. Il n’est pas neuf de vouloir faire des synthèses qui sont impossibles", tacle Jean-Marie Le Guen.

Collaborer avec la majorité pour exister ? Ce proche de François Hollande, qui avait réclamé, en vain, l’investiture du parti d’Emmanuel Macron pour les législatives, invite les socialistes à se montrer plus pragmatiques pour retrouver une place dans le débat. "Il faut avoir le courage de voir les choses. Je les appelle à prendre conscience de la réalité, ils pourraient comprendre que c’est en pesant sur le gouvernement actuel, sur la majorité actuelle, qu’ils peuvent construire quelque chose de cette gauche réformiste et non pas en s’isolant et en renvoyant dos à dos Macron et Mélenchon ce qui, politiquement, n’a pas de sens", conclut-il.