Macron 1:07
  • Copié
Louis de Raguenel, édité par Ugo Pascolo
L'attentat de Conflans a poussé Emmanuel Macron à se positionner sur le thème de la sécurité. Un domaine traditionnellement accaparé par la droite et l'extrême droite. Cette incursion présidentielle passe mal auprès des Républicains et du Rassemblement national, confrontés à une situation imprévue, voire un dilemme. Mais elle est une force pour le président en vue de 2022. 
DÉCRYPTAGE

De l'émotion et des actes. Avant même le vibrant hommage national à La Sorbonne à la mémoire de Samuel Paty, ce professeur d'histoire-géographie décapité par un terroriste, vendredi à Conflans-Sainte-Honorine, l'exécutif a fait toute une série d'annonces pour renforcer la lutte contre l'islamisme radical : opérations de police, fermetures de plusieurs associations dont le CCIF... Un tour de vis qui a propulsé de facto le président sur le sujet de la sécurité, thème traditionnellement accaparé par la droite et l'extrême droite. 

LR et RN voient Macron empiéter sur leur thème de prédilection

Un état de fait qui plonge Les Républicains et le Rassemblement national dans une situation imprévue, voire un dilemme. Le parti de Marine Le Pen doit par exemple à la fois critiquer et accompagner les mesures proposées par l'exécutif, sans pour autant donne un chèque en blanc au gouvernement Castex. Mais la présidente du RN l'a assuré mercredi sur Europe 1, les députés de son parti voteront "très certainement" pour le projet de loi sur les "séparatismes" du gouvernement. Une situation délicate à tenir pour celle qui sera l'adversaire du président dans les urnes dans moins de deux ans.  

Du côté des Républicains, c'est le président du groupe à l'Assemblée nationale, Damien Abad, qui a été le plus virulent contre le Premier ministre Jean Castex mardi. "Assez de résignation et de capitulation coupable ! La République du 'pas de vague' est la République qui abdique et qui au final (sic) laisse passer les islamistes", a-t-il taclé. "Ils sont passés, et depuis trois ans, votre majorité a refusé toute proposition contre l'islamisme radical." 

Un opposant de l'islam radical et du communautarisme

Chez LR comme au RN, la conversion présidentielle laisse un arrière-goût amer. Car à l'épreuve de l’exercice du pouvoir, Emmanuel Macron a changé de discours. Libéral, croyant à la théorie de l’émancipation, longtemps critiqué à droite pour son absence de prise de conscience des enjeux régaliens, le voilà transformé en opposant de l’islam radical et du communautarisme. 

Et tandis qu'au PS, aucun ténor ne se fait entendre sur le sujet, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve étant alignés sur la position du président, Emmanuel Macron est débarrassé de son aile la plus à gauche, celle cimentée autour d’Aurélien Taché et de Matthieu Orphelin. Le président a donc tout le loisir d'aller plus loin sur les terres des droites, car il en est convaincu : la présidentielle de 2022 se jouera sur son bilan régalien. Il est donc attendu au tournant, car désormais seuls les actes et les résultats comptent.