Attentat de Conflans : revivez l'hommage national à Samuel Paty

Emmanuel Macron a rendu un vibrant hommage à Samuel Paty mercredi soir, lors d'une cérémonie nationale.
Emmanuel Macron a rendu un vibrant hommage à Samuel Paty mercredi soir, lors d'une cérémonie nationale. © Francois Mori / POOL / AFP
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Ugo Pascolo avec AFP , modifié à
La France a rendu un vibrant hommage au professeur Samuel Paty, mercredi soir dans la cour d'honneur de La Sorbonne à Paris. "Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins", a notamment déclaré Emmanuel Macron. Revivez cette émouvante cérémonie. 
L'ESSENTIEL

La France a rendu, mercredi soir, un hommage national à Samuel Paty, assassiné vendredi à Conflans-Sainte-Honorine. La cérémonie s'est tenue en présence de 400 invités dont une centaine d'élèves d'établissements d'Île-de-France dans la cour de la Sorbonne, lieu symbolique de l'esprit des Lumières et de l'enseignement. Revivez cette émouvante cérémonie. 

Les principales informations à retenir : 

  • Emmanuel Macron a remis à titre posthume la Légion d'honneur et les palmes académiques à Samuel Paty
  • Dans son discours, le président a affirmé que le professeur était désormais "le visage de la République"
  • Le chef de l'État a affirmé que la France ne renoncerait pas "aux caricatures, aux dessins"

Une première cérémonie privée et intimiste

Avant même l'hommage national, une cérémonie a été célébrée dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne en comité très réduit avec la famille de Samuel Paty. À cette occasion, Emmanuel Macron a remis à titre posthume la Légion d'honneur et les palmes académiques au professeur assassiné vendredi. Pendant ce temps, un extrait du discours d'Emmanuel Macron prononcé au soir de l'attentat a été diffusé sur les écrans géants disposés sur place et aux abords du Panthéon, déclenchant des applaudissements de la foule rassemblée pour assister à l'hommage national. 

L'arrivée du cercueil au son de "One" de U2

À 19h32, les invités de la cour d’honneur de La Sorbonne se sont levés, quelques secondes avant l’entrée du cercueil de Samuel Paty porté par huit gardes républicains. Cette entrée s'est faite sur la musique "One" de U2, une musique choisie spécialement par la famille du professeur d'Histoire-Géographie, ce dernier étant fan du groupe. Le cercueil a été déposé au milieu de la cour d'honneur, avec un coussin rouge sur lequel se trouve la Légion d'honneur. 

Des lectures de textes d'enseignants et d'une élève

Immédiatement après, un enseignant et ami de Samuel Paty a pris la parole pour lire un texte de Jean Jaurès. Voix nouée par l'émotion, il a rappelé les conseils de l'homme politique français aux professeurs : "Les enfants qui vous sont confiés n'auront pas seulement à lire, à faire une addition, une multiplication. Ils sont Français et doivent connaître la France, sa géographie, son histoire, son corps et son âme. Ils seront citoyens et doivent savoir ce qu'est une démocratie libre."  

Peu de temps après, une autre enseignante est alors montée sur la tribune pour lire un poème dédié au professeur, écrit par l'artiste Gauvain Sers. 

À 19h44, une élève s'est présentée à la tribune pour lire une lettre d'Albert Camus à son professeur Louis Germain. Une missive émouvante qui décrit le respect de l'auteur pour celui qui a été son maître. 

L'hommage d'Emmanuel Macron

À 19h45, masque noir et visage grave, Emmanuel Macron s'est approché du pupitre pour prononcer son discours en hommage au professeur. "Mesdames, messieurs, ce soir je n'aurai pas de mots pour évoquer la lutte contre l'islamisme politique radical qui mène jusqu'au terrorisme. Je ne parlerai pas du cortège du terrorisme, de leurs complices et des lâches qui ont rendu possible cet attentat, de ceux qui ont livré son nom au barbare, ils ne le méritent pas, de nom eux n’en ont même plus." 

À la place, le président veut "parler de votre fils, de votre frère, de votre oncle, de celui que vous avez aimé, de ton père. Ce soir, je veux parler de votre collègue, de votre professeur, tombé parce qu'il avait fait le choix d'enseigner, assassiné parce qu'il avait décidé d'apprendre à ses élèves à devenir citoyen. Samuel Paty aimait les livres, le savoir, plus que tout. [...] Ne pouvait-on trouver meilleur endroit que la Sorbonne, notre lieu de savoir universel depuis plus de huit siècles, le lieu de l'humanisme, pour que la nation puisse lui rendre cet hommage ?"

" Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins "

Le chef de l'État a poursuivi : "Samuel Paty était de ceux-là, de ces professeurs que l'on n'oublie pas, de ces passionnés capables de passer des nuits à apprendre l'histoire, un professeur qui se remettait mille fois en question, comme pour un cours sur la liberté d'expression et la liberté de conscience qu'il préparait depuis juillet. [...] Samuel Paty fut tué parce que les islamistes veulent notre futur [...] Eux séparent les fidèles et les mécréants, Samuel Paty ne connaissait que des citoyens. Il fut tué précisément pour tout cela, parce qu'il incarnait la République qui renaît chaque jour dans les salles de classe."

"Samuel Paty est devenu vendredi le visage de la République, de notre volonté de briser les terroristes", a ensuite déclaré Emmanuel Macron. "Nous défendrons la liberté que vous enseignez si bien et nous porterons haut la laïcité. Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins. Nous rappellerons que nos libertés ne tiennent que par la fin de la haine et de la violence, par le respect de l'autre."

Et de conclure, avant les applaudissements de la foule : "les lumières ne s’éteignent jamais".

Une minute de silence

Une minute de silence avant que le cercueil ne quitte la cour d'honneur 

Quelques instants après la fin du discours d'Emmanuel Macron, vers 20h, ces applaudissements ont cessé pour laisser place à une minute de silence. Après quoi, un orchestre a entonné la Marseillaise. Puis à la fin de l'hymne national, le cercueil a quitté la cour d'honneur sur la troisième symphonie de Mozart.