Comment Hollande parle de Macron

Emmanuel Macron a été le secrétaire général adjoint de l'Elysée de 2012 à 2016. AFP
Emmanuel Macron a été le secrétaire général adjoint de l'Elysée de 2012 à 2016. © AFP
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Thibaud Le Meneec
Dimanche, François Hollande laisse les clés de l’Elysée à Emmanuel Macron, son ancien protégé, qu’il encensait avant de le critiquer à la fin de son mandat.

Entre Emmanuel Macron et François Hollande, c’est une longue histoire. Le premier a été le conseiller du second avant d’en devenir un des ministres, en 2014, puis de s’émanciper pour devenir son successeur à l’Elysée, dimanche. Un parcours observé de près par François Hollande, admiratif de ce "bon élément" au début du quinquennat puis très critique envers une "cause objective de son empêchement", qui l’a "trahi avec méthode". Europe1.fr a sélectionné les citations fortes du président sortant sur son successeur à l’Elysée.

  • "C'est un bon élément, original et créatif"

Mai 2013 : Emmanuel Macron est secrétaire général adjoint de l’Elysée depuis l’arrivée au pouvoir du PS en mai 2012. Un an plus tard, l’ex-banquier de Rothschild, apprécié de François Hollande, se voit consacrer un portrait de L’Express dans lequel le chef de l’Etat loue ses qualités.

  • "Emmanuel, c'est le fils qu'on voudrait avoir"

Premier trimestre 2014 : Voilà presque deux ans qu’Emmanuel Macron conseille François Hollande au Château, sur bon nombre de sujets. Au point que le président confie aors son admiration à l’un de ses autres conseillers et camarade de promo à l’ENA d’Emmanuel Macron, Gaspard Gantzer, selon des propos rapportés par Le Monde.

  • "Avec lui, ça va vite, c'est fin et c'est simple"

Mars 2014 : Emmanuel Macron s’est progressivement imposé comme un rouage essentiel de la machine élyséenne. François Hollande apprécie sa méthode et le fait savoir à ses proches, comme le rapporte L’Obs.

  • "Je me suis souvent présenté à l'étranger comme l'homme qui travaille avec Emmanuel Macron. (...) Beaucoup de gens vont être contents qu'il parte, car les hausses d'impôts, c'était lui !"

15 juillet 2014 : En ce mardi d’été, dans les jardins de l’Elysée, François Hollande ne tarit pas d’éloges envers son conseiller économique, qui a décidé de ne pas rester à ses côtés. Depuis deux ans, son secrétaire général adjoint s’est fait un nom et commence à attirer la lumière, au point d’avoir été pressenti pour être ministre de l’Economie après le remaniement de mars 2014. Finalement, c’est en août de la même année qu’il prend les rênes de Bercy.

  • "Emmanuel Macron, c’est moi. (...) C'est un garçon qui a une certaine sensibilité sur le plan de l'économie, mais il a aussi les fondamentaux politiques de la gauche"

Juin 2015 : Le chef de l’Etat commencerait-il à saisir le potentiel de son jeune ministre de l’Economie ? François Hollande y voit en tout cas l’un de ses héritiers, presque un clone. Mais ces compliments, formulés aux auteurs du livre de confidences Un Président ne devrait pas dire ça…, ne sont révélés au public qu’en octobre 2016, à la parution de l’ouvrage des journalistes.

  • "Macron n’est pas quelqu’un qui cherche à se faire une existence politique au détriment du gouvernement. Il peut avoir de la maladresse, mais pas de perversité (…). C’est un garçon gentil. Il n’est pas duplice"

Automne 2015 : Aux mêmes auteurs d’Un Président ne devrait pas dire ça..., François Hollande livre une analyse moins complaisante de la personnalité d’Emmanuel Macron. Ce dernier estime déjà, après avoir porté sa loi sur la croissance finalement adoptée grâce au 49.3, que les méthodes de François Hollande et Manuel Valls, Premier ministre, ne lui conviennent pas.

  • "J’en connais le talent, c’est pourquoi j’ai voulu qu’il rentre au gouvernement. (...) Il est dans l'équipe et sous mon autorité. J’en suis sûr car c’est entre nous, non pas simplement une question de hiérarchie – il sait ce qu’il me doit –, mais une question de loyauté personnelle et politique"

14 avril 2016 : Sur le plateau de France 2, le recadrage est à la mesure de l’affront que François Hollande considère avoir subi. Huit jours plus tôt, Emmanuel Macron a lancé En Marche!, son mouvement destiné à faire germer des idées “face aux blocages” du pays, non sans en avoir informé le président au préalable. Pourtant, François Hollande a commencé, de son côté, à préparer le terrain pour une éventuelle candidature en 2017. De quoi agacer celui qui pâtit d’une popularité en berne à un an de la fin de son mandat.

  • "Je pense qu’il est loyal"

Début de l’été 2016 : Méfiant, mais serein. François Hollande confie son assurance aux auteurs d’Un président ne devrait pas dire ça… Toujours en poste à Bercy, Emmanuel Macron n’a pas encore formulé le souhait de se présenter à l’élection présidentielle.

  • "Il m’a trahi avec méthode"

30 août 2016 : Son héritier l’a lâché. Rumeur persistante au cœur de l’été, le départ d’Emmanuel Macron est acté à la fin de l’été. Une démission que François Hollande ne digère pas lors du dîner de la majorité, le soir-même, d’après des propos rapportés par Le Monde.

  • "Macron a été une des causes objectives de l’empêchement. Il y en a d’autres, notamment la contestation dans mon propre camp et la division de la gauche… (...) Il n’a pas fait cette démarche contre moi"

1er décembre 2016 : Emmanuel Macron 1 - François Hollande 0. Le premier s’est déclaré candidat à la mi-novembre, quand le second a renoncé à briguer un nouveau mandat. Quelques jours plus tard, le locataire de l’Elysée analyse froidement la démarche de celui qui n’a pas hésité à vouloir lui succéder, selon Le Monde.

  • "Je n’ai pas été particulièrement ébloui… C’était un jeune haut fonctionnaire qui voulait faire de la politique"

Mars 2017 : Blessé et vexé ? Après avoir encensé son conseiller lors de ses premières années à l’Elysée, François Hollande porte désormais un oeil bien plus distancé sur sa rencontre avec Emmanuel Macron, en 2008, par l’entregent de Jean-Pierre Jouyet, comme le rapporte Le Monde. Comme si l’idylle entre les deux hommes avait tourné au vinaigre.