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Barthélémy Philippe avec AFP / Crédits photo : ALAIN JOCARD / AFP , modifié à
Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a déclaré dimanche vouloir relever de deux ans l'âge d'accès à une indemnisation plus longue pour les chômeurs âgés. Il estime qu'il fait faire en sorte qu'il n'y ait pas de systèmes qui incitent à "sortir les seniors du marché de l'emploi". Cette mesure devra "s'accompagner d'un effort de formation".

Le ministre du Travail Olivier Dussopt a déclaré dimanche vouloir relever de deux ans l'âge d'accès à une indemnisation plus longue pour les chômeurs âgés, suite à la réforme des retraites, sans reprendre la proposition de Bruno Le Maire de raccourcir la durée d'indemnisation.

Ce n'est pas "un outil de sortie du marché du travail des seniors"

"Nous souhaitons que cette majoration de la durée d'emploi des demandeurs d'emploi seniors soit décalée de deux ans, de 55 à 57 ans, pour être cohérents avec ce que nous avons fait sur l'âge de départ à la retraite et parce que nous savons qu'un des enjeux pour le plein emploi en France, c'est l'emploi des seniors", a dit Olivier Dussopt lors de l'émission "Questions politiques" (France Inter, France Télévisions et Le Monde).

La durée maximale d'indemnisation des chômeurs par l'assurance chômage est actuellement de 18 mois jusqu'à 52 ans, 22,5 mois pour les 53-54 ans et 27 mois pour les 55 ans et plus. La principale mesure de la réforme des retraites, mise en place en 2023, est le recul de deux ans de l'âge légal du départ à la retraite, à 64 ans. Fin novembre, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire avait considéré qu'une indemnisation plus longue pour les plus de 55 ans était une façon de "mettre à la retraite de manière anticipée les plus de 55 ans". Il avait dit vouloir abaisser la durée de leur indemnisation sur celle des autres chômeurs, de 27 à 18 mois.

D'abord muet, le ministre du Travail Olivier Dussopt a fini par réagir en affichant son désaccord. Le ministre ne veut pas supprimer le régime privilégié des seniors et propose une évolution plus en douceur. Pour lui, il faudrait atteindre 57 ans plutôt que 55 ans pour avoir droit à 27 mois d’indemnisation.

Pour Olivier Dussopt, "la question n'est pas tant la durée (d'indemnisation) que de faire en sorte que nous n'ayons pas des systèmes" qui incitent à "sortir les seniors du marché de l'emploi". Il a rappelé que le taux d'emploi des seniors était beaucoup plus bas en France que la moyenne européenne. Un relèvement de deux ans des bornes d'âge devra "s'accompagner d'un effort de formation", a précisé le ministre du Travail. Il a par ailleurs défendu la rupture conventionnelle, un dispositif qui là encore ne doit pas être utilisé pour faire sortir plus tôt des seniors du marché du travail.

Mettre la pression sur les partenaires sociaux

"La rupture conventionnelle est un outil de fluidité, il y en a 500.000 par an", a-t-il fait valoir. "Année après année, la part des ruptures conventionnelles dans les motifs de fin de CDI reste stable, de 11% à 12%", a-t-il argumenté. "Nous voulons trouver les moyens" pour que "la rupture conventionnelle ne soit pas utilisée comme un outil de sortie du marché du travail des seniors, mais que cela reste un outil de fluidité, de liberté" et d'accord réciproque entre le salarié et son employeur, a détaillé le ministre.

Ces deux sorties visent aussi à mettre la pression sur les partenaires sociaux qui ont jusqu’à fin mars pour négocier sur l'emploi des seniors. L'exécutif leur a fixé l’objectif ambitieux de doubler le taux d'emploi des 60-64 ans d'ici 2030. Faute d'accord sur des mesures concrètes, le gouvernement reprendra la main.