Dans son discours, Emmanuel Macron prévoit de déconstruire la figure de Napoléon, mort il y a 200 ans. 1:28
  • Copié
Jean-Rémi Baudot, édité par Pauline Rouquette
La France commémore mercredi le bicentenaire de la mort de Napoléon. Alors que l'événement a suscité, ces derniers jours, la controverse entre les députés, Emmanuel Macron prononcera un discours visant à rendre hommage à celui qui a posé les bases de l'État moderne, sans pour autant occulter le pire de l'Empire.
DÉCRYPTAGE

Le souvenir de Napoléon ravive parfois des blessures : le rétablissement du statut colonial, la place des femmes… Alors que la France commémore, mercredi, le bicentenaire de la mort de l'Empereur - commémoration qui suscite la controverse -, la ministre chargée de l'Égalité, Elisabeth Moreno, a elle-même récemment critiqué Napoléon, comme 'un grand misogyne qui a rétabli l'esclavage'. Une position largement répandue, notamment à gauche.

Mercredi, dans son discours, Emmanuel Macron prévoit de déconstruire la figure de l'Empereur. "On ne déboulonne pas, on n'efface pas', explique-t-on à l'Élysée en réponse aux partisans de la "cancel culture" (culture de l'annulation).

Controverse

Reprenant Alphonse de Lamartine, le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, a appelé mardi à "accueillir le souvenir de Napoléon 'avec recueillement, mais sans fanatisme'", à la veille de la commémoration du bicentenaire de sa mort. "Sachons ne pas réduire les grandes dates et les grands hommes à de petits slogans", a-t-il demandé dans une brève allocution avant les questions au gouvernement. "Sachons nous pencher sur notre passé avec mesure et discernement."

À la date anniversaire de la mort de celui qui n'a cessé de déchaîner les passions, Emmanuel Macron prononcera son discours à l'Institut de France à Paris, dans lequel il compte "regarder en face" l'héritage laissé par l'Empereur.

Deux siècles ans après son décès, la figure du général révolutionnaire ou de l'Empereur continue de susciter la controverse entre les députés. La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, a estimé sur RTL qu'il était l'"un des très grands personnages historiques" et a regretté "que le président de la République le commémore à la va-vite".

"Ça a des significations de faire des commémorations officielles", a au contraire fait valoir le député communiste Pierre Dharréville. "Il y a quelque chose derrière, des valeurs que l'on veut mettre en avant. Je suis davantage favorable à ce qu'on fasse un travail d'histoire et d'historiens".

Assumer le passé de la France

Pour le président de la République, il s'agit davantage de garder le meilleur de l'Empereur, celui qui a posé les bases de l'État moderne, le Code civil, les maires, les préfets, sans pour autant occulter le pire de l'Empire. Le chef de l'État devrait rappeler que le rétablissement de l'esclavage fut "une abomination", un sujet qu'Emmanuel Macron abordera d'ailleurs à nouveau lundi prochain, lors des vingt ans de la loi Taubira sur la traite négrière.

Mercredi, cette commémoration est à l'image du projet mémoriel d'Emmanuel Macron : revendiquer la complexité de l'histoire et assumer le passé de la France. Comme le théorise l'un de ses proches, "il ne faut pas faire porter à notre passé le poids de nos débats présents".