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Jacques Serais, avec AFP , modifié à
À l'entame d'une visite d'Etat aux États-Unis, le président Emmanuel Macron s'est rendu ce mercredi au siège de la Nasa, avec la vice-présidente américaine Kamala Harris. Parmi les enjeux abordés, l'envoi d'un astronaute français sur la Lune. Le chef de l'État a notamment promu la candidature de Thomas Pesquet.

"La France est un allié vital pour les Etats-Unis" : la vice-présidente Kamala Harris a accueilli mercredi Emmanuel Macron, à l'entame d'une visite d'Etat qui doit solder les griefs d'hier et si possible déminer les tensions d'aujourd'hui autour du protectionnisme américain. Sur un ton chaleureux, et avec force sourires de part et d'autre, elle a reçu le président français au siège de la Nasa pour vanter une coopération "basée sur des principes démocratiques et des valeurs partagées."

Emmanuel Macron a lui estimé, en anglais, que ces "valeurs démocratiques partagées" devaient s'appliquer aussi dans l'espace, qu'il a qualifié de "nouveau lieu de conflit" international.

Appel à de nouvelles règles pour régir la conquête et l'exploration spatiale

Le président français a donc appelé la France et les Etats-Unis à travailler ensemble pour rétablir de "nouvelles règles" régissant la conquête et l'exploration spatiale. Il était accompagné des astronautes Sophie Adenot et Thomas Pesquet - ce dernier s'étant d'ores et déjà porté candidat pour embarquer dans l'une des fusées que l'Amérique compte envoyer sur la Lune, dans le cadre de son ambitieux projet Artemis.

Le président français, le premier à qui l'administration Biden fait l'honneur d'une visite d'Etat, doit passer trois jours dans le pays. Le premier sera studieux : après la Nasa, il aura une réunion sur l'environnement avec des parlementaires américains, et une autre sur le nucléaire civil avec des acteurs de la filière. Le chef de l'Etat s'adressera aussi à la communauté française, après une traditionnelle cérémonie au cimetière national d'Arlington.

Un dîner à Washington pour les couples Macron et Biden

Enfin, Emmanuel et Brigitte Macron rencontreront Joe et Jill Biden pour un dîner se voulant intime, loin du faste protocolaire que va déployer jeudi la Maison Blanche pour le président français, entre coups de canon, réunion dans le Bureau ovale et dîner de gala. "USA! Un moment pour célébrer l'amitié entre nos deux pays. Un moment pour progresser ensemble dans une période de grands défis", a tweeté en anglais Emmanuel Macron peu après son arrivée mardi soir.

Comme son prédécesseur républicain Donald Trump en 2018, le président démocrate de 80 ans a choisi son homologue français, 44 ans, pour la première visite d'Etat de son mandat. "La France est littéralement l'un des fils dont est tissée notre nation", a dit à des journalistes français un porte-parole de l'exécutif américain, John Kirby, en vantant le "leadership", "l'expérience" et "la sagesse" d'Emmanuel Macron. Un changement d'ambiance en un peu plus d'un an.

En septembre 2021, les Etats-Unis annonçaient une nouvelle alliance, AUKUS, avec l'Australie et le Royaume-Uni, suscitant l'ire de la France, tenue à l'écart dans une région-clé du monde et qui perdait, au passage, un mégacontrat pour vendre des sous-marins à Canberra. Depuis, Washington a multiplié les gestes pour apaiser son allié et veut, comme l'a dit John Kirby, un partenariat "résolument tourné vers l'avenir".

Les États-Unis parlent d'un plan économique "gagnant gagnant"

L'avenir, c'est notamment la transition énergétique, la compétition face à la Chine, la relance industrielle... Le président américain aborde ces défis avec un patriotisme économique décomplexé qui irrite Paris. Joe Biden a engagé un pharaonique programme de dépenses, le Inflation Reduction Act, avec pour mot d'ordre le "Made in USA":  il entend, en particulier, subventionner généreusement toute la filière des véhicules électriques. De quoi alimenter jeudi la conversation dans le Bureau Ovale. Jugeant cette loi "protectionniste", Paris a dit espérer obtenir des "exemptions" pour certaines industries européennes.

Mais la Maison Blanche n'a pas l'intention d'annoncer des dérogations dans l'immédiat, et préfère parler d'un plan "gagnant gagnant", qui bénéficiera, in fine, également à l'économie européenne. L'Elysée voudrait rallier les Européens à une autre forme de parade: l'adoption d'une arme commerciale comparable, un "Buy European Act".

Les deux dirigeants devraient par ailleurs afficher un message d'unité sur l'Ukraine, en promettant de continuer à soutenir Kiev autant que nécessaire tout en expliquant que des négociations avec Moscou ne pourront avoir lieu que lorsque le président ukrainien Volodymyr Zelensky le jugera opportun.