Au PS, la clarification est en marche

Jean-Christophe Cambadélis renvoie à la Commission des conflits les élus qui soutiennent Emmanuel Macron sans le rallier officiellement.
Jean-Christophe Cambadélis renvoie à la Commission des conflits les élus qui soutiennent Emmanuel Macron sans le rallier officiellement. © FRANCOIS GUILLOT / AFP
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R.Da.
Jean-Christophe Cambadélis, le Premier secrétaire du PS, va retirer l’investiture des socialistes qui ont adhéré à En Marche! ou parrainé son candidat. Pour autant, le cas de certains élus, comme Manuel Valls, reste en suspens.

Le PS a fini par trancher. En partie du moins. Après avoir promis de longue date des sanctions contre les ralliements socialistes à Emmanuel Macron, le parti, réuni en bureau national jeudi soir, s’est penché sur l’épineuse question des législatives. Jean-Christophe Cambadélis a confirmé que les élus ayant adhéré à En marche! ou parrainé Emmanuel Macron se verraient opposer un autre candidat aux législatives de juin prochain. "Il n’y a pas de double appartenance au Parti socialiste. Toute personne qui a adhéré a En Marche! est en dehors du Parti socialiste. Pour que la formule soit claire : ils sont exclus", a répété le premier secrétaire vendredi matin au micro d’Europe 1.

Une décision susceptible de concerner une vingtaine d’élus, pour la plupart issus du pôle des réformateurs, parmi lesquels le député de Paris Christophe Caresche, ou encore celui du Val-d’Oise Philippe Doucet.

Entendu sur europe1 :
On ne peut pas jouer à la fois avec le PSG et Monaco, au PS c’est la même chose !

Autre précision apportée par le patron des socialistes : celui-ci souhaite que les élus PS de la prochaine législature s’engagent par écrit à siéger avec le seul groupe socialiste. Une mesure qui pourrait permettre d’éviter une nouvelle vague de défections post-élection. "On ne peut pas être membre de deux clubs, on ne peut pas jouer à la fois avec le PSG et Monaco, eh bien au Parti socialiste c’est  la même chose ! On ne peut pas être au PS et à En marche !, il n’y a pas de double appartenance".

Soutenir sans rallier. "Une mesure" exceptionnelle, a souligné à la sortie du BN Corinne Narassiguin, la porte-parole du parti, pour "arrêt[er] de parler de quelle tête il faut couper". Bref, de quoi satisfaire les soutiens de Benoît Hamon, qui ont régulièrement dénoncé le manque de réactivité de la direction face aux défections qui se sont multipliées ces dernières semaines. Pour autant, le PS laisse en suspens un aspect du problème : quid de ces élus qui ont choisi de voter Emmanuel Macron, sans pour autant le rallier ou faire ouvertement campagne pour lui ? "Ils sont renvoyés devant la Commission des conflits, comme il se doit, je ne peux pas décider comme ça de qui est viré ou pas », explique Jean-Christophe Cambadélis sur Europe 1.

Le cas de Manuel Valls. En clair : les socialistes qui soutiennent le fondateur d’En Marche! sans avoir pour autant manifesté leur soutien par un engagement concret, comme une adhésion formelle au mouvement ou un parrainage, voient pour l’heure leur investiture maintenue. Il reviendra à la Commission de trancher, certainement au cas par cas. Manuel Valls pourrait être le premier concerné. "Sa circonscription, on ne l’a pas dégelée hier soir", a reconnu le Premier secrétaire. En choisissant de voter pour Emmanuel Macron, le candidat malheureux à la primaire de janvier a franchi le Rubicon : pour la première fois dans l’histoire du parti, un ancien chef de gouvernement socialiste se tourne vers un candidat qui n’est pas issu des rangs de sa famille politique. De quoi provoquer l’ire des soutiens de Benoît Hamon. Karine Berger, députée des Hautes-Alpes, avait notamment qualifié dans un tweet cette attitude de "minable".

"Une périlleuse anticipation"... Fin mars, au lendemain du ralliement du très populaire ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian à l’ancien protégé de François Hollande, l’élue s’était déjà emportée contre le silence du Premier secrétaire dans les colonnes du Figaro : "Refuser de condamner ce ralliement comme il l’a fait est une attitude inacceptable et incompréhensible". Elle allait jusqu’à évoquer "une périlleuse anticipation". Autrement dit, le PS, se projetant déjà vers une défaite de son candidat, à la peine dans les enquêtes d’opinion, refuserait de couper les ponts avec les poids lourds du parti, comme l’ex-Premier ministre, et ce dans la perspective de pouvoir jouer un rôle dans la constitution d’une future majorité parlementaire. "Nous ne sommes pas des gens qui coupons les têtes comme cela, nous discutons avec les gens qui sont déférés devant la Commission", a précisé de son côté, toujours sur Europe 1, Jean-Christophe Cambadélis.