La basilique de Nice où a eu lieu l'attaque, jeudi 29 octobre. 1:33
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Aurélie Herbemont, édité par Manon Bernard
Après l'attentat de Nice où trois personnes sont décédées, plusieurs voix à droite s'élèvent pour réclamer plus de mesures. Quitte à déroger à l'État de droit.

Invité d'Europe 1 vendredi matin, Christian Estrosi a réagi à l'attentat dans la basilique Notre-Dame de Nice, où trois personnes ont perdu la vie, jeudi. Il a demandé à ce que la Constitution soit modifiée pour "mener la guerre" contre le terrorisme. Le maire Les Républicains (LR) de Nice envisage même de sortir de l'État de droit et des principes dont le Conseil Constitutionnel et le Conseil d'État sont les gardiens. Même le Rassemblement National de Marine Le Pen n'envisage pas d'aller aussi loin.

Un "Guantanamo à la française"

Si Marine Le Pen appelle à une législation de guerre, elle estime qu'il faut rester dans l'État de droit. Mais ce n'est pas le cas pour certains politique LR. Le député de Nice, Eric Ciotti réclame par exemple un "Guantanamo à la française", c'est-à-dire une rétention administrative des fichés S, potentiellement dangereux, avant qu'ils commettent un crime.

Cependant, le Conseil d'Etat avait expliqué dès 2015 que de telles mesures seraient impossibles à mettre en œuvre dans un État de droit. La détention préventive est, selon les Sages, contraire à l'article 66 de la Constitution, selon lequel "nul ne peut être arbitrairement détenu". 

"La surenchère" de la droite

Alors, pour lutter contre ce qu'il appelle "l'islamo-fascisme", Christian Estrosi demande à modifier la Constitution. "Si on nous impose aujourd'hui de respecter les points de la Constitution qui ne sont pas adaptés à pouvoir mener la guerre en respectant la Constitution et bien, il faut modifier la Constitution", a-t-il exhorté au micro d'Europe 1. Avant d'asséner : "Nous savons que nous ne pourrons pas gagner la guerre contre l'ennemi avec les lois de la paix".

Le maire de Nice entend mettre la pression sur l'exécutif, qui est prêt à prendre des mesures renforcées dans le cadre de la loi contre le séparatisme prévue pour le mois de décembre. Cependant, il n'est pas question de prendre des distances avec l'État de droit. Un conseiller dénonce "la surenchère de LR et leur politique politicienne", preuve selon lui qu'ils "ne sont pas aux mannettes depuis longtemps".