À Toulon, Emmanuel Macron tente de clore les polémiques

Emmanuel Macron s'est notamment posé en "défenseur" de la "communauté homosexuelle", samedi à Toulon.
Emmanuel Macron s'est notamment posé en "défenseur" de la "communauté homosexuelle", samedi à Toulon. © AFP
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avec AFP , modifié à
Dans une ambiance nettement moins enflammée que lors de ses autres meetings, le candidat à l'élection présidentielle est revenu sur ses propos sur la colonisation et le mariage homosexuel, samedi. 

Emmanuel Macron, poursuivi par la polémique sur ses propos sur la colonisation, a à nouveau essayé de déminer la polémique, samedi lors d'un meeting à Toulon, perturbé par une manifestation de pieds-noirs à l'appel notamment du Front national.

"Macron, trahison". Habitué à des salles pleines à craquer, le candidat d'En Marche ! a mené son meeting au Zénith de Toulon devant environ 1.200 personnes - là où les organisateurs en espéraient 2.000 - et dans une ambiance nettement moins enflammée que d'habitude. À la tribune, le candidat a accusé "le parti Front national" d'avoir "empêché des centaines" de personnes d'accéder au meeting, du fait de la manifestation houleuse qui a contraint la police à fermer une grille d'accès, à une centaine de mètres de la salle toulonnaise.

Aux cris de "Macron trahison !", environ 150 personnes se sont rassemblées devant cette grille, pour protester contre les propos d'Emmanuel Macron qualifiant la colonisation de "crime contre l'humanité". Dans la petite foule flottaient plusieurs drapeaux français frappés de pieds noirs, surnom des colons européens en Algérie contraints de fuir en 1962 après les accords d'Évian.

De "fausses polémiques". "Nous n'avons pas de temps à perdre avec des fausses polémiques, qui troublent et qui agitent", a lancé Emmanuel Macron, qui avait déjà dénoncé une "instrumentalisation" politique de ses propos. Le candidat a paraphrasé le général de Gaulle à Alger en 1958 pour s'adresser aux pieds-noirs et aux anciens combattants : "Je le dis aujourd'hui, à chacun et chacune dans vos conditions, dans vos histoires, dans vos traumatismes, parce que je veux être président, je vous ai compris et je vous aime." Emmanuel Macron a de nouveau refusé de "revenir" sur ses propos ou de s'"excuser", mais il s'est dit "désolé" d'avoir "blessé" certains. Et au lieu de "crime contre l'humanité", il a cette fois parlé de "crime contre l'humain".

Accusé par ses adversaires d'avoir un programme flou et de pratiquer un "grand écart" intenable entre la gauche et la droite, le candidat a également défendu sa méthode du "et de droite et de gauche". Cette semaine, son rival socialiste Benoît Hamon l'a accusé de "courir plusieurs lièvres électoraux", ce qui amènerait Emmanuel Macron "à tenir des propos confus, indécis, finalement assez troubles".

"Oui, la vie politique, elle change, ces petits clivages auxquels on vous a habitué ont changé", a lancé l'ancien ministre de l'Économie, appelant à cesser le "réflexe" qui "consiste à remettre dans les cases qu'on a toujours connues". "Il y en a qui diront 'c'est flou' d'autres 'y'a un loup' mais ils s'habitueront, car nous allons continuer", a-t-il martelé.

Une fin de semaine mouvementée. Le candidat s'est aussi efforcé de déminer une autre polémique naissante à propos du mariage gay. Jeudi, il avait jugé que les opposants au mariage homosexuel avaient été "humiliés" durant le quinquennat, suscitant un tollé à gauche et chez les associations LGBT. Samedi dans L'Obs, Emmanuel Macron a promis à "la communauté homosexuelle", elle aussi "humiliée", de "toujours trouver en (lui) un défenseur". Il s'était aussi dit favorable dès jeudi soir à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples lesbiens, une mesure honnie par "la Manif pour tous".

Ces polémiques sont venues brouiller la fin de semaine d'Emmanuel Macron, venu dans le sud-est pour présenter ses mesures sur la sécurité (augmentation des places de prison et du nombre de policiers, mise en place d'amendes pour des petits délits, mesures d'éloignement des délinquants...). Selon un cadre de la droite qui a rallié Emmanuel Macron, son champion a pu faire preuve d'"ambiguïté", mais celle-ci est aussi une force. "Le personnage est comme ça. Il dit : 'Il faut qu'on arrête avec les tabous de droite et gauche'. Il ne s'interdit rien et en plus il le fait avec une vraie sincérité. Le signal qu'il envoie, c'est qu'on change de logiciel", défend ce soutien.