Villeneuve-sur-Lot : qu'a voté la gauche ?

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Fabienne Cosnay , modifié à
62% des électeurs se sont abstenus ou ont voté blanc. 15% ont voté FN, selon Le Monde et l'IFOP.

L'INFO. Quelle a été l'attitude des électeurs de gauche au second tour de la législative partielle de Villeneuve-sur-Lot ? La question, jusqu'ici sans réponse, a fait l'objet d'une étude à part entière par le quotidien Le Monde et l'institut de sondage IFOP. Et les résultats sont riches en enseignements. Une majorité d'"électeurs de gauche (62%) a fait le choix de l'abstention ou du vote blanc au second tour. 23% ont voté pour le candidat de l'UMP Jean-Louis-Costes, suivant ainsi les consignes du parti à faire barrage au Front national. Enfin, 15% des électeurs de gauche ont voté pour le candidat du Front national, Étienne Bousquet-Cassagne qui a obtenu au second tour 46,24% des voix, avec 7.095 voix supplémentaires.

La méthodologie. L'enquête réalisée conjointement par Le Monde et l'IFOP n'est pas un sondage mais "un indicateur des comportements électoraux". En pratique, deux journalistes ont analysé les listes d'émargement disponibles (149 sur 167), comptabilisant les électeurs s'étant déplacés uniquement au premier tour ou seulement au second ou aux deux tours. En ajoutant les chiffres relevés aux résultats de l'élection, l'IFOP a pu établir une estimation statistique du report des voix.

>>> Les principaux enseignements de cette étude

Le Front républicain n'a plus de sens. Au lendemain du deuxième tour de la législative partielle de Villeneuve-sur-Lot, l'exécutif refusait d'enterrer le concept de "front républicain", stratégie censée faire barrage au FN. "C'est grâce aux voix socialistes que Jean-Louis Costes a été élu", avait souligné François Hollande, en marge de son déplacement au Qatar, comme pour mieux se rassurer. L'étude du Monde dit autre chose. La majorité des électeurs de gauche (62%) n'a pas joué le jeu du front républicain mais a préféré voter blanc ou s'abstenir. Seuls 23% ont choisi de reporter leur voix sur le candidat de l'UMP. Comme le montrait un reportage diffusé sur Europe 1 au lendemain des résultats, beaucoup d'électeurs de gauche refusent aujourd'hui de donner automatiquement leur voix à l'UMP, en cas de duel FN-UMP au second tour. "Le front républicain, c'est le médicament miracle mais à force d'être utilisé, c'est comme les antibiotiques, il devient moins efficace", confiait habitant de Villeneuve-sur-Lot à Europe 1.

Du FN au PS. Au Monde, un militant PS a confié avoir voté pour le candidat du FN, Étienne Bousquet-Cassagne, histoire de donner "un coup de semonce". Et il n'est pas le seul. Contrairement à ce qu'avait affirmé le patron des députés socialistes, Bruno Le Roux - "aucun électeur de gauche n'a voté pour le Front national au second tour" - la progression du FN entre les deux tours (7.095 voix supplémentaires) s'explique en partie  par le report d'une partie des électeurs de gauche vers le candidat du FN. Selon les calculs du Monde et de l'IFOP, 15% se sont reportés sur le candidat frontiste, Etienne Bousquet-Cassagne, soit, en valeur absolue, 1.560 électeurs de gauche supplémentaires entre les deux tours.