UMP : les idées de Sarkozy, "pas révolutionnaires" mais...

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Louis Hausalter , modifié à
BOF - Le programme économique du patron de l'UMP déçoit dans son propre camp. En réalité, celui-ci cherche plus à occuper le terrain qu'à dévoiler des idées neuves.

Retraite à 63 ans, défiscalisation des heures supplémentaires, non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, limitation du niveau des dépenses publiques… Les propositions économiques de Nicolas Sarkozy, détaillées lundi dans une longue interview au Figaro, vous rappellent quelque chose ? C'est normal, plusieurs d'entre elles datent de 2012, si ce n'est de 2007.

"C'est pas révolutionnaire…" La gauche n'a d'ailleurs pas manqué de se gausser de cette "politique alternative" proposée par le président de l'UMP. Un "retour vers le futur", a raillé le secrétaire d'Etat Thierry Mandon. Mais à l'UMP aussi, ces propositions n'ont pas soulevé un enthousiasme débordant. En privé, certains se disent déçus. "C'est pauvre, il donne le sentiment de reprendre là ou il s’est arrêté", confie un député UMP. "C'est pas révolutionnaire", lâche l'un de ses anciens ministres. Avant la publication de cette interview, Laurent Wauquiez a même eu des propos très durs sur celui qui l'a nommé secrétaire général de l'UMP. "Franchement, cela n'a plus rien à voir avec le Sarko de 2012. Il n'a plus la queue d'une idée", a-t-il taclé, selon des propos rapportés par le Canard enchaîné à paraître mercredi.

Nicolas Sarkozy aurait-il du mal à convaincre son propre camp ? Chez les sarkozystes, on s'emploie à déminer. "Le but de cette interview, c'est de rappeler que la priorité des Français, c'est la vie quotidienne c'est l'économie", a justifié le député Luc Chatel, conseiller politique du président de l'UMP, dès lundi sur Europe 1. Tout en concédant : "c'est vrai, nous proposons de reprendre des dispositions que nous avons mises en œuvre". Mais "tous les indicateurs sont au rouge", a martelé Luc Chatel. "Il est normal que le chef du parti d'opposition soit aujourd'hui devant les Français pour présenter un projet alternatif".

"Il fait son job". Même chez les rivaux juppéistes, on trouve des excuses à Nicolas Sarkozy. "Certes, on n'est pas forcément dans le renouvellement total. Mais si les uns et les autres, nous sortons nos propositions maintenant, qu'est-ce qu'on va dire dans six mois ?", explique à Europe 1 Benoist Apparu, député UMP de la Marne. "C'est le patron, il fait son job", ajoute ce soutien d'Alain Juppé.

"Dans l'immédiat, ça n'a rien de révolutionnaire, mais ça a le mérite de donner un programme", renchérit Thierry Mariani, député des Français de l'étranger, membre de l'aile droite de l'UMP. "Il était nécessaire de le faire pour montrer que nous avons une ligne". Même si c'est pour dire la même chose qu'en 2012 ? Thierry Mariani invoque la cohérence : "si on changeait de programme tous les cinq ans, on nous le reprocherait aussi".

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Ne pas dévoiler ses cartouches. De manière générale, on s'accorde à dire qu'il n'est pas dans l'intérêt de Nicolas Sarkozy de dévoiler ses cartouches dès aujourd'hui. "C'est inenvisageable d'avoir un programme politique tout de suite. Une campagne électorale, c'est fait pour ça", analyse Jean-Daniel Lévy, de l'institut de sondage Harris Interactive, interrogé par l'AFP. "Sarkozy réfléchit par étapes. Il veut apparaître comme le premier opposant et travaille à la primaire. Il s'adresse donc d'abord à son électorat, d'où une interview au Figaro".

Le patron de l'UMP compte aussi mouiller la chemise en vue des élections départementales. Il sera dans les Bouches-du-Rhône jeudi et va multiplier les déplacements sur le terrain jusqu'au premier tour, le 22 mars. Signe que l'heure est plus à l'action qu'aux idées neuves.

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