Règle d'or : qu'en pensent les candidats PS ?
Hollande, Aubry, Montebourg et Baylet sont contre ; Valls et Royal se disent prêts à débattre.
Pas une voix PS n'ira à la "règle d'or", s'est enorgueilli François Hollande, mercredi. A dix jours des universités d'été de La Rochelle, les socialistes veulent, à tout prix, afficher leur unité sur le dossier de "la règle d’or", sans cesse invoquée par l’exécutif.
Pour résumer : cette fameuse règle portant sur l’équilibre budgétaire ne peut entrer en vigueur dans la constitution que si Nicolas Sarkozy convoque les deux chambres en Congrès où une majorité des 3/5e est requise. Or cette majorité est impossible à obtenir sans l'apport d'une partie de l'opposition de gauche, ce qui semble exclu à moins d'un an de l'élection présidentielle de 2012.
Mais à refuser d’entériner cette réforme, les candidats de gauche courent le risque de passer pour "des irresponsables" - selon les termes de la droite -, aux yeux d’une opinion publique de plus en plus consciente de la gravité de la crise de la dette. Face à ce dilemme, les socialistes n'ont pas tous la stratégie. Voici, en détail, la position de chaque candidat à la primaire.
LES CANDIDATS QUI SONT CONTRE
Une coquille vide pour Hollande - François Hollande, d’abord, ne saurait "imaginer qu'une seule voix" de son camp aille à cette réforme. "Il n'y a aucune urgence à la faire voter puisqu'elle ne vaut qu'à partir de 2013. Raison de plus pour que chacun des candidats à la présidentielle dise ce qu'il va faire devant les Français pour redresser les finances publiques", argumente-t-il. Lui-même veut faire revenir le déficit public à 3% du PIB fin 2013, s’il est élu.
Un tour de passe-passe pour Aubry - Martine Aubry s’y oppose également et n’hésite pas à proposer sa propre "règle d’or", dans une tribune publiée samedi dans Le Monde . Selon elle, le chef d'Etat, en proposant d'inscrire dans la Constitution des règles de retour progressif à l'équilibre budgétaire, "cherche à faire oublier sa responsabilité" dans l'endettement de la France "qui aura doublé au cours des dix dernières années de gestion UMP".
La fin de la politique pour Montebourg - Pour Arnaud Montebourg, lui, juge "qu’approuver cette "règle d'or", c'est la victoire des marchés et la fin de la politique , les peuples perdant la liberté de faire autre chose que ce que les marchés ont décidé".
"Un foutage de gueule" pour Baylet - Jean-Michel Baylet , président du Parti radical de gauche et également candidat à la primaire, utilise un langage encore plus direct. Pour lui, "le président de la République se moque de nous, parce qu'une "règle d'or" qui n'engagera que son successeur, qu'il propose tout à fait en fin de mandat, c'est vraiment se foutre de la gueule du monde"...
CEUX QUI VEULENT DEBATTRE
Un gadget pour Royal - Aux yeux de Ségolène Royal, cette "règle d'or" n’est qu’un "gadget de plus" de Nicolas Sarkozy. Mais la présidente de la région Poitou-Charentes se dit également "prête à discuter" mais à plusieurs conditions. "Si Nicolas Sarkozy accepte les propositions qui consistent à écrire également dans la "règle d'or" la lutte contre les inégalités fiscales, la contribution à égalité des revenus du capital et des revenus du travail aux dépenses, la justice fiscale, alors oui, on est prêt", assure-t-elle.
Une possibilité pour Valls - Enfin, de son côté, Manuel Valls estime que Nicolas Sarkozy devrait "discuter avec les dirigeants de l'opposition" sur ce projet. "Je ne suis pas hostile sur le principe à l'inscription dans notre Constitution d'une règle d'or mais (...) elle ne peut pas être adoptée de façon politicienne en imposant (...) une réforme", estime-t-il.
Des différends minimisés par le porte-parole du PS, Benoît Hamon. "Il n’y a pas vraiment de cacophonie, à part peut-être Manuel Valls - et encore - dont la stratégie un peu isolée consiste à percuter le projet du PS", assure-t-il. Le sujet sera discuté au Bureau national du PS mardi prochain afin de prévenir toute friction lors des universités d'été du PS de La Rochelle, trois jours plus tard.