Pour Montebourg, "les choix politiques ne sont pas figés"

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FRONDEUR - Le ministre de l’Economie estime qu’il faut "faire passer au second plan la réduction dogmatique des déficits".

L'INFO. Mercredi dernier, François Hollande assurait dans un entretien au Monde qu’il n’avait pas l’intention de changer de cap dans sa politique économique. Trois jours plus tard, Arnaud Montebourg propose… le contraire, dans le même journal. Le ministre de l'Économie appelle "à faire évoluer nos choix politiques" car "nous devons apporter des solutions alternatives". 

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"La réduction à marche forcée des déficits est une aberration économique". Arnaud Montebourg se démarque clairement du couple exécutif – Manuel Valls a lui aussi répété qu’il n’était pas question de changer de ligne politique - en dénonçant "le dogme de l'orthodoxie budgétaire". Alors que François Hollande fait toujours de la réduction des déficits une priorité, même s’il demande du temps à Bruxelles, son ministre de l’Economie estime que "la réduction à marche forcée des déficits est une aberration économique car elle aggrave le chômage, une absurdité financière car elle rend impossible le rétablissement des comptes publics, et un sinistre politique car elle jette les Européens dans les bras des partis extrémistes qui veulent détruire l'Europe."

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"Je suis à mon poste de combat". En réclamant un changement de cap du gouvernement auquel il appartient, Arnaud Montebourg est-il dans l’obligation de présenter sa démission ? "Je ne me situe pas dans cette hypothèse. Mon travail, depuis deux ans, est inlassablement de convaincre… Je n'y parviens pas toujours. Mais je suis à mon poste de combat pour faire évoluer des politiques qui méritent d'être changées. Les choix politiques ne sont pas figés.."

Hollande et Valls tempèrent. La sortie du ministre de l’Economie, qui fait sa rentrée politique à Frangy-en-Bresse, en compagnie des frondeurs du PS, aurait pu faire grincer quelques dents au sein de la majorité.Mais depuis Mayotte où il est actuellement en déplacement, François Hollande a tenu à dédramatiser la sortie de son ministre : "je souhaite que nous puissions convaincre nos partenaires européens de donner une priorité à la croissance. Tous ceux qui portent cette idée sont les bienvenus et c'est la position de tout le gouvernement". Quant à Manuel Valls, il a assuré qu'il n'y avait "rien de choquant, rien de nouveau" dans ces propos. "La donne européenne est en train de changer. Le président de la République et le Premier ministre agissent dans ce sens et le Premier ministre attend du ministre (Arnaud Montebourg, ndlr) un engagement total sur la loi croissance et pouvoir d'achat", précise-t-on à Matignon.

Dans les rangs de l’opposition, on n’a pas tardé à tirer des conséquences de cet entretien, et peu importe les dénégations de l'exécutif :