Intervention armée : en 2003, Hollande réclamait un vote

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SOUVENIR - Au moment du conflit en Irak, Hollande demandait des preuves. Et un vote au Parlement.

 Lâché par la Grande-Bretagne et l’Allemagne, contraint d’attendre le vote du Congrès américain, François Hollande est bien seul sur la scène internationale dans le dossier syrien. En France, outre la majorité socialiste - et encore… -, ils sont peu nombreux à soutenir sa volonté d’intervenir militairement à Damas. Quatre arguments lui sont opposés. Quatre arguments que François Hollande opposait à Jean-Pierre Raffarin avant les frappes américaines en Irak, en 2003. Certes les contextes géopolitiques ne sont pas comparables. Certes, il n’était à l’époque "que" chef du principal parti d’opposition. Mais ce parallèle peut néanmoins éclairer sur le cheminement intellectuel de celui qui est, aujourd’hui, président de la république. Et qui se questionne sur l’opportunité d’intervenir militairement en Syrie. Europe1.fr se souvient pour vous.

>> La France marche dans les pas des Américains

Jean-Luc Mélenchon à Saint-Martin d'Hères, près de Grenoble

La critique est venue des extrêmes. "Nous savons que les Nord-Américains ont l’habitude d’utiliser n’importe quel sorte d’arguments pour justifier une intervention militaire", a ainsi lancé Jean-Luc Mélenchon. Sa meilleure ennemie, Marine Le Pen, a estimé elle aussi que "c’est une décision qui inféode une nouvelle fois gravement la France aux Etats-Unis. Manifestement, François Hollande a choisi d’obéir aux injonctions américaines d’intervenir en Syrie, et de continuer à saper l’indépendance de notre pays, comme Nicolas Sarkozy l’avait fait lui aussi en choisissant d’intervenir en Libye."

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François Hollande, comme Jean-Luc Mélenchon dix ans plus tard, estimait également que faire la guerre à l’Irak "consacrerait l'unilatéralisme des Etats-Unis d'Amérique pour décider du sort du monde, c'est-à-dire de la paix ou de la guerre, en fonction des seuls critères, des seuls intérêts de la puissance principale."

>> Il faut des preuves

Son soutien a pu surprendre. Invité d’Europe 1 la semaine dernière, au lendemain du discours musclé de François Hollande à la conférence des ambassadeurs, Jean-François Copé avait déclaré que cette prise de parole était "juste sur la forme comme sur le fond". Mais le patron de l’UMP a vite apporté un bémol à ce soutien, demandant au président d’"attendre les conclusions des inspecteurs de l'ONU". François Fillon exige lui aussi des preuves de l’implication de Damas dans le massacre à l’arme chimique. "Je suis prudent et interrogatif. Je voudrais qu'on attende le rapport de l'ONU. Je voudrais qu'on ait des preuves certaines (de l’utilisation de gaz), parce que la décision qui se prépare est une décision extrêmement grave", a également déclaré François Bayrou.

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Le souvenir de Colin Powell, secrétaire d’Etat américain, assurant avec force, devant le conseil de sécurité de l’ONU, que le régime de Saddam Hussein détenait des armes de destruction massive, est resté dans les mémoires. François Hollande n’avait été, à l’époque, que moyennement convaincu par l’émissaire de l’Oncle Sam. "Aucune preuve n'a été apportée que l'Irak possède toujours des armes de destruction massive et a les capacités de les utiliser. Les inspections ont pu reprendre leur travail. Les inspecteurs doivent pouvoir bénéficier du temps nécessaire".

 >> Il faut un vote du parlement

 

Valéry Giscard d’Estaing 930x620

C’est LA question qui trotte dans la tête des dirigeants. Dimanche soir, François Hollande a étudié le sujet avec Jean-Marc Ayrault, Jean-Yves Le Drian, Laurent Fabius et Alain Vidalies. Il tranchera sur l’opportunité d’un vote lundi soir. A gauche comme à droite, ils sont nombreux à estimer qu’un simple débat au parlement, - il aura lieu mercredi – ne suffit pas. Invité lundi matin d’Europe 1, Valéry Giscard d’Estaing a ainsi assuré que "nous ne pourrons pas être le seul des trois grands pays à ne pas voter. Les Américains vont voter, les Anglais l’ont fait. Si le parlement débat, il doit conclure et il doit voter", a déclaré l’ancien président français.

Après avoir longuement abordé la possibilité que la France dépose son veto au conseil de sécurité de l’ONU - ce qui serait, selon lui, "le suite logique de la position de la France" - François Hollande avait demandé "au nom des socialistes, qu'un autre débat, cette fois-ci avec vote, puisse être prévu au Parlement avant que la France n'ait à faire connaître sa décision."

>> Cela déstabiliserait la région

La proximité existant entre la Syrie et le duo Chine-Rusie inquiète nombre de politiques. Tout comme  les conséquences d’un conflit à Damas dans une région instable politiquement. "Les menaces d'embrasement de la région, comme en attestent les répercussions au Liban, sont extrêmement lourdes", estime ainsi le Parti communiste.

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Au moment où les Etats-Unis de George Bush pressaient pour envahir l’Irak de Saddam Hussein, François Hollande estimait qu’un tel conflit "aurait des effets directs dans la région, avec une possible intervention turque au Kurdistan et une réaction des Iraniens dès lors que les chiites pourraient être éventuellement impliqués". Et de conclure qu’une telle guerre "risquerait de renforcer les tensions entre Israéliens et Palestiniens, avec, là aussi, la tentation de passer en force."