Hollande, les coulisses d’une photo gênante

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et Caroline Roux , modifié à
L’INFO POLITIQUE - Le président a peu apprécié le cliché censuré de l’AFP, signe d’une évolution de son image.

Contexte. Si l’AFP avait voulu mettre en avant sa photo, elle ne s’y serait pas prise autrement. Mercredi, l’agence a en effet décidé de retirer un cliché dans lequel François Hollande, sourire quelque peu benêt, pose devant un tableau de classe, à l’occasion de sa visite dans une école pour la rentrée scolaire. Problème : la photo a circulé sur Internet, et le buzz est total. Et si l’Elysée dément être intervenu pour faire retirer cette photo, il confirme quand même avoir appelé l’agence a posteriori,  pour connaître les dessous de ce raté.

>> Pour Caroline Roux, éditorialiste politique d'Europe 1, "le président et ses conseillers ont pris conscience des dommages collatéraux, car lorsqu’on ridiculise l’homme on abaisse la fonction."

L'homme ridiculisé, la fonction abaisséepar Europe1fr

Oui, il pense à son image. Depuis son accession à l’Elysée, l’image du chef de l’Etat a souvent été raillée. La presse se moque de sa cravate éternellement de travers et de voir la pluie lui coller aux basques, offrant des images d’un président trempé jusqu’aux os. Il s’en moquait. Ce n’est plus le cas. Quand, vendredi dernier, lors d’un déjeuner, il découvre la Une du journal le Monde, qui publie sa longue interview sur la Syrie, il n'apprécie que très moyennement la photo de lui avachi, le regard dans le vide… Il fait alors remarquer, un peu agacé, à son voisin de table que, quelques pages plus loin, David Cameron n’a pas droit au même traitement. Une scène révélatrice d’un changement. Le président indifférent à son image, bonhomme, ne s’amuse plus de sa caricature.

Deux lignes s’opposent. A l’Elysée, l’incident a été différemment apprécié, a confié un collaborateur du président à Europe 1. Un premier camp estime qu’il convient de prendre ça avec du recul et qu’il serait contre-productif de monter au front pour défendre l’image du chef de l’Etat. D’autres estiment en revanche qu’il ne faut rien laisser passer quand les médias "guignolisent" François Hollande, car cela abaisse la fonction présidentielle. Un débat qui prouve qu’après 16 mois au pouvoir, les conseillers de l’Elysée s’interrogent désormais sur l’image de leur patron.

 Le "président normal", c’est vraiment fini. Souhaitant rompre avec le "style Sarkozy", François Hollande avait fait de sa "normalité" un concept de campagne. Son arrivée à l’Elysée n’a, dans un premier temps, pas changé les choses. Mais la présidence "normale", "sympathique", a vécu, et laissé des traces. Cet incident en est une nouvelle illustration. Pour Caroline Roux, si François Hollande "fait montre d’autorité, s’il obtient des résultats sur le front économique, s’il parvient à imposer l’ordre dans ses propres rangs, et à s’enrouler dès qu’il le peut dans les codes de la fonction présidentielle, ces photos de lui, béat et hilare, apparaitront alors… hors sujet."