Hollande et "l'incompréhension"

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Fabienne Cosnay , modifié à
ANALYSE - Pour le sondeur Emmanuel Rivière, Hollande doit d'abord reconquérir son électorat.

Le chiffre qui fait mal. En mars, François Hollande est devenu le plus impopulaire des présidents de la République. En effet, jamais un locataire de l'Elysée n'était tombé aussi bas après dix mois de présidence. La cote de popularité de François Hollande a chuté de six points en mars, avec 68% des Français mécontents de son action et seulement 31% de satisfaits, selon le dernier baromètre Ifop pour le JDD. "François Hollande est aujourd'hui presque 30 points derrière François Mitterrand en mars 1982, et environ 10 points derrière Jacques Chirac en mars 1996 ou Nicolas Sarkozy en mars 2008", précisait mercredi au Monde le directeur du département stratégies d'opinion de TNS-Sofres, Emmanuel Rivière. Le sondeur était invité d'Europe 1 jeudi matin.

Une dégringolade en trois temps. Contrairement à ses prédécesseurs, "François Hollande n'a jamais bénéficié d'état de grâce et du soutien de ses adversaires, il a démarré très bas", souligne le sondeur, sur Europe 1. Dans un deuxième temps, entre août 2012 et janvier 2013, il y a eu une période  ambivalente entre des séquences ratées et d'autres, plus réussies (Mali, le mariage pour tous, etc.) A partir de début janvier, il rechute et pour la première fois, c'est le cœur de son électorat qui décroche. "Il est rattrapé par la crise et donne le sentiment à un nombre croissant d'électeurs de ne plus être en maîtrise", souligne Emmanuel Rivière. Entre la fin janvier et la fin février, il perd 8 points de confiance chez les électeurs du PS, 16 points chez ceux du Front de gauche. "La dernière chute de popularité se fait au cœur de son électorat,  à la gauche de la gauche, au Parti socialiste, chez les salariés du service public", précise le sondeur. Ce sont eux que François Hollande doit aujourd'hui reconquérir en priorité.

 

Hollande doit rassurer ses électeurs. "Il faut qu'il rassure sur deux points : montrer que la politique menée correspond bien aux attentes formulées par ses électeurs il y a presque un an, et montrer qu'il est l'homme de la situation, avec un plan pour sortir de la crise", estime le chercheur.

L'attente d'un président plus présent. "Il y a dans la gestion de François Hollande une mise en retrait, une sobriété de la prise de parole, qui ne correspond pas à la période. Après Nicolas Sarkozy, il y a l'attente d'un président beaucoup plus présent, et la situation de crise est beaucoup plus douloureusement ressentie qu'à l'époque de François Mitterrand par exemple", décrypte le sondeur. Jeudi soir, François Hollande devra une nouvelle fois expliquer les réformes et faire oeuvre de pédagogie. "Il y a aujourd'hui une incompréhension de l'opinion sur ce que fait le président", conclut Emmanuel Rivière.