Euthanasie : qu'avait promis Hollande ?

Un projet de loi sur la fin de vie sera présenté au Parlement fin juin, a annoncé mardi l'Elysée après la remise du rapport du professeur de médecine Didier Sicard sur la question.
Un projet de loi sur la fin de vie sera présenté au Parlement fin juin, a annoncé mardi l'Elysée après la remise du rapport du professeur de médecine Didier Sicard sur la question. © Capture écran France 2
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Les partisans de l'euthanasie active craignent d'être trahis. Mais qu'avait dit le candidat Hollande ?

La phrase. "Honnêtement, j'attendais beaucoup du nouveau gouvernement. Toutes mes illusions sont encore parties et je me dis qu'il va encore falloir que j'attende cinq ans", a regretté mardi matin sur Europe1 Marie Humbert, figure de proue du combat pour la légalisation de l'euthanasie active. Le gouvernement l'a-t-il illusionnée ? François Hollande a-t-il un jour promis l'euthanasie active, c'est à dire la possibilité pour un médecin d'injecter un produit à un malade dans l'intention de provoquer sa mort?

Pourquoi elle s'indigne. L’Élysée a annoncé mardi un projet de loi sur la fin de vie avant fin juin. "Le président de la République a pris acte de ce que la législation en vigueur ne permet pas de répondre à l'ensemble des préoccupations", précise la présidence dans un communiqué. L’Élysée se base sur le rapport du professeur Didier Sicard, commandé par François Hollande début juillet et dévoilé mardi.

Or, ce document s'oppose à l'euthanasie active. Il se prononce en faveur d'un geste médical "accélérant la survenue de la mort". Il s'agirait alors d'un sédatif qui soulagerait le malade jusqu'à ce qu'il tombe dans le coma, et meurt. L’autre innovation mentionnée par le rapport est à aller chercher du côté du suicide assisté, même si le professeur Sicard assure que son rapport ne plaide pas pour cette solution. Dans ce cas, le médecin n’injecterait pas un poison, comme dans l'euthanasie active, mais c’est le patient qui absorberait lui-même une potion mortelle.

Mais, selon Marie Humbert, la piste du "suicide assisté est un petit peu stupide". Ce que cette dernière voudrait, "c'est pouvoir justement aider [à mourir ndlr] ceux qui ne peuvent pas le faire." Si François Hollande suit ce rapport qu'il a lui-même commandé, il ne légalisera jamais l'euthanasie active.

Une promesse ambitieuse… Le candidat socialiste s'était montré ambitieux sur ce sujet pendant la campagne, et avait même comparé cette promesse à l'abolition de la peine de mort, décidée en son temps par François Mitterrand contre l'avis de la majorité des Français. C'était SON projet de société à lui, avait-il défendu dans l'émission des paroles et des actes de France 2, le 15 mars.

… mais pas celle d'une euthanasie active. François Hollande s'était toutefois toujours bien gardé d'être très précis sur la question. Et certaines déclarations de campagne laissent penser qu'il pourrait se contenter des propositions du rapport Sicard ou du "suicide assisté". Il a toujours, en effet, mis un point d'honneur à ce que la "demande" du patient soit une condition. "Quand une personne demande, parce qu'elle n'en peut plus, quand sa famille appuie cette demande, qu'elle est réitérée, que quatre médecins se sont eux-mêmes prononcés, alors il sera possible d'en terminer avec cette souffrance", détaillait-il sur France2. Il évoquait "le cas d'une personne dans une extrême souffrance, qu'on ne peut pas apaiser et qui demande, qui réitère de pouvoir terminer sa vie dans la dignité."

De même, dans ses 60 engagements de campagne, il promettait que "toute personne majeure en phase avancée ou terminale d'une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d'une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité".

Le mot euthanasie "banni". "Je ne prends pas le mot d'euthanasie", avait même avancé le candidat sur France2. Mais il refusait également le mot "suicide"… "Je ne prends pas le mot d'euthanasie, ça laisse penser qu'il serait accepté une forme de suicide", avait expliqué le candidat socialiste. Le président devra maintenant trouver le bon dosage pour fignoler son projet, avant juin.