Des trous d’air sous l’ère Sarkozy

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Avant MAM, d’autres ministres ont été épinglés pour avoir utilisé des avions privés.

Michèle Alliot-Marie est actuellement en pleine zone de turbulences pour avoir utilisé, à deux reprises au moins, le jet privé d’Aziz Miled, un homme d’affaires tunisien lié au camp de le président déchu Ben Ali. Mais la ministre des Affaires étrangères n’est pas le premier membre du gouvernement épinglé pour son utilisation d’avions ou de jets privés. Avant elle, Alain Joyandet, Christian Estrosi, et Nicolas Sarkozy lui-même avaient été critiqués pour des affaires semblables.

La première polémique mêlant avion et politique a décollé fin décembre 2007, en même temps que Nicolas Sarkozy et sa toute récente compagne, Carla Bruni, vers l’Egypte. Le Président et sa future épouse, qui avaient affiché leur amour 15 jours plus tôt lors d’une sortie très médiatique au Disneyland de Marne-la-Vallée, n’avaient pas eu à débourser le moindre centime pour ces courtes vacances. C’est en effet Vincent Bolloré, 13e fortune de France, qui avait mis à leur disposition l’un de ses jets privés, un luxueux - et onéreux - Falcon 900.

Le pot d’Estrosi à l’Elysée

Après la nuit du Fouquet’s et son voyage de quelques jours au large de Malte, juste après son élection, sur le yacht d’un certain… Vincent Bolloré, l’opposition avait vu dans ce voyage présidentiel une preuve de plus des accointances entre le pouvoir sarkozyste et les milieux d’affaires. "Je regrette de devoir m'interroger sur les contreparties que M. Bolloré, homme d'affaires rusé, est en droit d'attendre de la République", avait ainsi déclaré Arnaud Montebourg sur France Inter.

Si on ne reprendra plus le président de la République sur ce type de comportement dans la suite de son mandat, certains ministres ou secrétaire d’Etat seront moins prudents. Christian Estrosi le premier, qui, dès le début de l’année 2008, est épinglé pour un vol entre Paris et Washington sur un Falcon privé, facturé 138.000 euros, piochés dans les deniers publics, selon Le Canard Enchaîné, qui révèle l’information.

Celui qui était alors secrétaire d’Etat à l’Outre-mer devait participer dans la capitale fédérale américaine à un sommet de l’Unesco pour défendre l’inscription au patrimoine mondial du lagon de Nouvelle-Calédonie. Alors qu’il devait prendre un vol régulier, l’actuel maire de Nice préféra au dernier moment différer son départ de quelques heures et donc recourir à un jet privé. La raison ? Christian Estrosi tenait absolument à participer à un pot informel à l’Elysée en présence des sarkozystes de la première heure. Une présence qui aura pour conséquence de tripler l’enveloppe initiale prévue pour son voyage.

L’aller-retour express de Joyandet

Bien qu’impliquant une somme moindre, l’affaire Joyandet, révélée là encore par Le Canard Enchaîné, fit pourtant plus de bruit. En mars 2010, le secrétaire d’Etat à la Coopération d’alors effectue un aller-retour express en Martinique pour participer à une conférence internationale pour la reconstruction d’Haïti. Son objectif : être de retour à Paris pour le premier conseil des ministres après un remaniement quelques jours plus tôt. Sa seule issue : recourir aux services d’une compagnie privée. Facture de l’opération : 116.500 euros aux frais du contribuable.

Pour tous, ces affaires ne resteront pas sans conséquence. Si Nicolas Sarkozy, alors toujours populaire, s’en sort sans mal, il n’en sera pas de même pour Christian Estrosi et Alain Joyandet. Le premier quitte le gouvernement quelques semaines après la polémique le concernant pour, jure-t-il, s’occuper à temps plein de la mairie de Nice, qu’il vient de conquérir. Cette nouvelle fonction ne l’empêchera pourtant pas de revenir au gouvernement quelques mois plus tard.

Alain Joyandet, lui, a démissionné au cœur de l’été 2010. A la polémique sur son très coûteux aller-retour à la Martinique s’était ajoutée celle sur un permis de construire douteux accordé pour l’agrandissement de sa maison de Grimaud, dans le Var. Trop pour un seul homme.