Dans le Doubs, une élection partielle lourde de symboles

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Louis Hausalter , modifié à
DÉCRYPTAGE - La nomination de Pierre Moscovici à Bruxelles risque de coûter au PS la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Mais le gouvernement était déjà très contesté dans son propre camp.

Il y aura bien une élection législative partielle d'ici à début février dans le Doubs. C'est la conséquence logique de la démission de l'ancien ministre Pierre Moscovici, désormais commissaire européen, de son mandat de député. Sur place, le scrutin s'annonce très compliqué pour le Parti socialiste. En juin 2012, Pierre Moscovici n'avait été élu qu'avec 49% des voix dans une triangulaire face à l'UMP et au Front national. Et deux ans et demi après, l'impopularité de l'exécutif devrait encore plomber le score du PS.

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La majorité absolue en danger. La pression est d'autant plus forte que si le groupe socialiste à l'Assemblée nationale perdait ce siège, il se priverait du même coup de la majorité absolue dans l'Hémicycle. Celle-ci est fixée à 289 députés, soit la moitié des 577 membres de l'Assemblée. Or, 289 est aussi le nombre de députés socialistes, depuis que Thomas Thévenoud a dû quitter leur groupe. Que le siège de Pierre Moscovici soit ravi par l'UMP ou le FN, et ce chiffre tomberait à 288, en dessous du seuil fatidique.

Des votes déjà compliqués pour l'exécutif. Certes, si le PS était battu dans le Doubs, le symbole serait fort. Mais perte d'un député n'aurait pas tellement de conséquences concrètes sur l'action du gouvernement. Car si, numériquement, les socialistes sont majoritaires à l'Assemblée, cette majorité se retrouve rarement lors du vote des lois. Les derniers scrutins sur les textes budgétaires le montrent.

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Ainsi, le 21 octobre, pas moins de 39 députés socialistes "frondeurs" se sont abstenus sur le volet recettes du budget 2015. Les votes "pour" ont devancé les "contre" de seulement 20 voix. Heureusement pour lui, le gouvernement a pu compter sur ses alliés du Parti radical de gauche, soit une quinzaine de députés, mais aussi sur une poignée d'élus écologistes et Front de gauche. Rebelote la semaine dernière, lorsque l'Assemblée a examiné le budget de la Sécurité sociale, même si le nombre d'abstentionnistes du PS est cette fois tombé à 34.

Autrement dit, avoir un siège socialiste en moins compliquera certes la tâche de l'exécutif, mais ne changera pas fondamentalement la donne : le gouvernement devra toujours ferrailler pour faire passer ses textes, et soigner ses relations avec ses alliés. Ce qu'il a pris soin de faire, dernièrement, lors de l'examen du projet de loi de Ségolène Royal sur la transition énergétique, voté par la quasi-totalité des députés écologistes.

Une partielle lourde de symboles. Reste l'impact symbolique. Celui d'un nouveau revers électoral, qui conclurait une année noire dans les urnes pour le PS. Et celui que représenterait l'entrée au palais Bourbon d'un troisième député FN, alors que le parti de Marine Le Pen est dans les starting-blocks pour remporter la circonscription en jeu. Après l'élection de deux sénateurs frontistes en septembre, l'UMP et les "frondeurs" du PS auraient alors beau jeu de rejeter sur l'exécutif la responsabilité de la percée de l'extrême droite au Parlement.

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