Ces chantiers qui attendent Nicolas Sarkozy

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AU BOULOT ! - Dès lundi, le tout nouveau président de l’UMP va devoir se mettre au travail pour reconstruire sa famille politique.

De surprise, il n’y a point eu. Du travail, il en aura. Et dès lundi. Samedi, Nicolas Sarkozy a été (r)élu à la tête de l’UMP avec (un petit) 64,5% et, pour lui, "ce vote marque un nouveau départ pour notre famille politique'. Une 'famille politique" polytraumatisée depuis un peu plus de deux ans, entre défaite électorale, guerre des chefs et problèmes judiciaro-financiers. Autant dire que Nicolas Sarkozy a du pain sur la planche.

• Écrire une nouvelle page de l’UMP

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A l’UMP, personne n’a oublié le psychodrame qui s’est joué entre François Fillon et Jean-François Copé, à l’automne 2012. Nicolas Sarkozy non plus, bien sûr. Depuis son retour dans l’arène, il n’a de cesse d’expliquer qu’il va tout changer, du sol au plafond, en commençant par "changer le nom du parti". D'ailleurs, lors de ses meetings, l'ancien chef de l'Etat ne prononce jamais le mot UMP, lui préférant l'expression de "grand rassemblement". Un mot quoi tient pour le moment la corde, et qui sera connu avant les élections départementales de mars prochain.

"C’est quand même l'évolution naturelle de la formation gaulliste, tout comme l'UMP a été l'enfant fécondé par le rassemblement de la droite et du centre et la disparition du RPR. C'est le sens de l'histoire", estimait jeudi François Baroin sur Europe 1. Les militants ne sont pas de cet avis : seulement 16% des sympathisants UMP approuvent cette proposition de Nicolas Sarkozy. Ils vont devoir s’y faire, l’UMP vit ses dernières heures.

• Se constituer une équipe

Nicolas Sarkozy avait prévenu : avec lui aux manettes, il "n’y aura plus de courants, de tendances, de chapelles". Voilà pour la version officielle livrée aux militants lors de ses meetings. Dans les faits, le patron de l’UMP va devoir tenir compte des nouveaux rapports de force issus de ce scrutin pour dessiner les contours de sa nouvelle équipe. "Il faut aller vite, que tout le monde perçoive qu’il y a un changement", le presse déjà Laurent Wauquiez, un des ambitieux lieutenants. On devrait être fixé la semaine prochaine.

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Quelques indiscrétions ont déjà filtré dans la presse. Daniel Fasquelle, député de Pas-de-Calais, sera le prochain trésorier du mouvement. "Un défi excitant", confie-t-il à Europe1.fr dans un sourire. Christian Estrosi, député-maire de Nice, devrait prendre la tête de la commission des investitures. Frédéric Péchenard très proche de Sarkozy, pourrait prendre du galon et devenir directeur général. Gérald Darmanin, le porte-parole de la campagne, aura également un poste. Reste à trancher le cas de Nathalie Kosciusko-Morizet et Laurent Wauquiez, qui aspire tous les deux au poste de secrétaire général, le numéro 2 du parti.

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•  "Écouter" ses adversaires

Les principaux adversaires de Nicolas Sarkozy ne se sont pas bousculés au portillon pour le féliciter, samedi soir. François Fillon, qui s’est contenté d’un communiqué lapidaire, l’a déjà prévenu : "l’union n’est pas la soumission". Alain Juppé a été un peu plus cordial, adressant ses "félicitations très amicales" à son nouveau président. Avant d’ajouter un peu plus loin : "A lui maintenant de redonner à l’UMP l’élan qu’elle attend, et pour cela il faudra rassembler". Cela ressemble  à une mise en garde. Nicolas Sarkozy le sait, il va devoir composer avec ces deux ténors encombrants et ambitieux. La nouveauté, c’est qu’un troisième larron s’est invité au bal.

Fort de ses presque 30%, Bruno Le Maire, qui ne veut pas exercer de fonctions de direction, est en capacité de réclamer des postes pour ses lieutenants. "La volonté de renouveau devra être entendu et respectée", a-t-il lancé à la tribune, "heureux". "Il faut que Nicolas Sarkozy prenne en compte le message envoyé. On ne fera rien à l’avenir sans Bruno Le Maire", a poursuivi un de ses soutiens dans le JDD, le député Franck Riester. "Nous devrons compter dans la future organisation du parti", plussoie le député Alain Chrétier dans Le Parisien. Dès lundi matin, Nicolas Sarkozy va donc recevoir Bruno Le Maire. Puis viendra le tour des "principaux dirigeants" du mouvement. Les négociations s’annoncent tendues.

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Organiser la primaire de 2016

L’exercice ne l’emballe pas, et c’est peu de le dire. Mais la primaire est inscrite dans les statuts de l’UMP, et les militants comme les ténors y tiennent plus que tout. Nicolas Sarkozy va donc s’y plier. Reste à savoir si, comme le réclame à cor et à cris Alain Juppé et bien d’autres, il ouvrira la primaire à l’ensemble de l’opposition. "Sarkozy veut une petite primaire, réduite à l’UMP", a tranché Jean-Christophe Cambadélis, son homologue du PS, dimanche matin sur Europe 1.

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Si une chose semble d’ores et déjà certaine, c’est que le Modem ne sera pas convié. Nicolas Sarkozy n’a pas digéré le soutien de François Bayrou à François Hollande en mai 2012. Donc, sur le papier, c’est oui pour une primaire avec le centre, mais "un centre qui serait avec nous matin, midi et soir". Reste donc l’UDI. Sauf que Jean-Christophe Lagarde, son tout nouveau président, a déjà prévenu dans le JDD que "si Bayrou ne participe pas comme il semble le dire aujourd'hui, ce seront des primaires UMP et je ne vois pas ce que nous aurions à faire là-dedans". Or, plus de 40% des sympathisants UMP souhaitent une alliance avec le centre, selon un sondage Odoxa pour le Parisien de samedi. Nicolas Sarkozy va devoir la jouer (très) fine.

Se réconcilier avec les Français

Depuis qu’il est revenu dans l’arène politique, Nicolas Sarkozy n’a avancé aucune idée neuve, si ce n’est une resucée de ses propositions de 2012, notamment sur la réforme de l’espace Schengen. Pour le reste, c’est surtout une déconstruction du travail de l’actuelle majorité que propose le désormais patron de l’opposition (abrogation du mariage pour tous, de la réforme territoriale, des rythmes scolaires…). Insuffisant pour les Français, qui attendent bien plus. Tout comme les militants UMP, qui ne se sont pas précipités en masse sur leur clavier - le vote était électronique - pour faire de lui leur président.

Le premier sondage post-élection, paru dans le JDD, confirme la tendance : 40% des Français  voient Alain Juppé remporter la présidentielle de 2017, contre 25% pour Nicolas Sarkozy. Battu en 2012 parce que ses concitoyens n’en pouvaient plus de ce président hyperactif et hyperclivant, "Sarko" va devoir améliorer son image dans l’opinion publique. Sous peine de voir Alain Juppé, nouvelle coqueluche des médias, lui voler la vedette. Et la candidature à la présidentielle.

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