Bruxelles : pourquoi Hollande se rebelle

François Hollande a tapé du poing sur la table pour montrer que Bruxelles ne prenait pas les décisions en France.
François Hollande a tapé du poing sur la table pour montrer que Bruxelles ne prenait pas les décisions en France. © Reuters
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et Antonin André , modifié à
ANALYSE - Le tacle du chef de l'Etat à la Commission européenne n'est pas anodin. 

François Hollande n’a pas mâché ses mots mercredi, après que la Commission européenne a enjoint à la France de prendre des initiatives en matière de réformes et d’économies.  "Elle n'a pas à dicter à la France ce qu'elle a à faire", a fermement réagi le chef de l’Etat depuis Rodez, où il effectue un déplacement. "La Commission n’est pas un professeur et nous ne sommes pas son élève", tranche carrément un conseiller du président interrogé par Europe 1. "Nous n’avons pas à obtempérer ses diktats".

Une réaction surprenante. De Bercy à l’Elysée en passant par Matignon, c’est l’ensemble de l’exécutif français qui a riposté à l’arme lourde aux recommandations de Bruxelles. Une virulence qui surprend après l’engagement de François Hollande sur la gouvernance de la zone euro et en faveur d’une plus grande intégration, avec les abandons de souveraineté que cela induit.

Un message à l’opinion et à la gauche. Si le message est aussi fort, c’est parce que plus que la commission elle-même, c’est l’opinion publique française, de plus en plus eurosceptique, qui est visée. Il s’agit aussi d’envoyer un signal aux partenaires sociaux alors que la concertation sur la retraite va s’ouvrir. Il s’agit enfin de rassurer l’aile gauche du PS, qui a aussitôt salué sur les réseaux sociaux le recadrage très ferme du président.

Une opération de communication. La surréaction de Paris aux recommandations de Bruxelles est donc d’abord une opération de communication, et non pas un changement de cap sur le fond et sur l’idée force d’aller vers plus d’intégration en Europe. "Nous devons faire comprendre à l’opinion que si nous réformons, c’est parce que nous le décidons dans notre intérêt, et non parce que Bruxelles l’impose", résume un conseiller à l’Elysée.