Au dîner du Crif, Hollande évoque la "lèpre" de l'antisémitisme

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Louis Hausalter avec Ludovic Fau et AFP , modifié à
Le chef de l'Etat a précisé les contours de son plan contre le racisme et l'antisémitisme, lundi soir au dîner du Crif.

"Il n'y a pas d'antisémitisme ordinaire", a déclaré François Hollande, lundi soir, lors du 30e dîner annuel du Crif. Le chef de l'Etat a parlé d'une "lèpre" qui est "toujours là 70 ans après la Shoah" et que "la France combattra sans faiblesse". Un plan contre le racisme et l'antisémitisme "aussi complet que concret" sera présenté "dans les prochains jours" par le Premier ministre Manuel Valls, a précisé le président.

"Des sanctions plus rapides et plus efficaces". François Hollande a d'ores et déjà précisé les contours de ce plan annoncé depuis janvier. En premier lieu, des "sanctions plus rapides et plus efficaces" vont être prévues. Le chef de l'Etat "a souhaité" que "tout propos de haine, raciste, antisémite ou homophobe ne relève plus du droit de la presse mais du droit pénal". De plus, sera renforcé le caractère aggravant de la connotation antisémite d'un délit.

Autre pilier de ce plan, le projet de loi sur le renseignement qui sera présenté le 18 mars prochain en Conseil des ministres. "Nous allons renforcer les outils du droit" contre les personnes tentées par le jihadisme, a assuré François Hollande. Celui-ci a insisté sur la dimension européenne de la lutte contre le terrorisme et s'est félicité de l'application "d'ici la fin de l'année" du PNR, la communication des données des passagers aériens.

François Hollande s'est aussi adressé aux géants d'Internet. "Si vraiment les grands groupes d'internet ne veulent pas être complices du mal, ils doivent participer à la régulation", a-t-il martelé. Lors de leur venue en France en avril, "nous fixerons un cahier des charges clair et précis avec ces géants d'internet et je vous assure que nous contrôlerons son application". De plus, les moyens de la plate-forme Pharos de signalement de contenus illicites seront renforcés.

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© Europe 1

Les propos polémiques de Cukierman. Le dîner du Crif s'est déroulé dans une ambiance quelque peu tendue par la polémique suscitée par les propos de son président, Roger Cukierman (photo). Lundi matin sur Europe 1, il avait estimé que Marine Le Pen était "irréprochable personnellement", même s'il y avait dans son parti "tous les négationnistes, tous les vichystes, tous les pétainistes", avant de préciser ses propos. "Toutes les violences aujourd'hui sont commises par des jeunes musulmans", avait-il également déclaré.

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Des propos qui ont provoqué le boycott du dîner du Crif par le Conseil français du culte musulman (CFCM) et son président Dalil Boubakeur, recteur de la grande mosquée de Paris. A son arrivée au dîner, François Hollande, soucieux de faire retomber la pression, s'est isolé avec Roger Cukierman pour un bref entretien. Dans son discours, le président du Crif a regretté cette absence du CFMC. "Juifs et musulmans, nous sommes sur le même bateau, j'espère que le contact sera rapidement rétabli", a-t-il lancé.

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Quant à Nicolas Sarkozy, qui est passé au dîner, il a confié à Serge et Arno Klarsfeld, qui avaient rapidement critiqué les propos de Cukierman sur Marine Le Pen : "heureusement qu'il y a des gens dans la communauté qui tiennent des propos sensés".