Affaire Litvinenko : la crise devient européenne

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
La crise diplomatique entre la Russie et la Grande-Bretagne autour de l'affaire Litvinenko prend une tonalité européenne. La France et l'Union européenne se sont dit solidaires de Londres qui a engagé un véritable bras de fer avec le Kremlin. Après l'expulsion de quatre diplomates russes décidée par le Foreign Office, Moscou a promis mardi une riposte "ciblée". Pour la Grande-Bretagne, "aucunes représailles ne seraient justifiées". Pas encore la guerre froide, mais un vent très frais souffle en Europe.

Les déclarations diplomatiques se succèdent entre Londres et Moscou avec un ton de plus en plus sec. Le point de départ des tensions de ces derniers jours, c'est l'expulsion de quatre diplomates travaillant à l'ambassade de Russie à Londres. Mais cette décision londonienne était elle-même une réponse au refus de Moscou d'extrader le principal suspect dans l'enquête sur le meurtre de l'espion Alexandre Litvinenko. Depuis, c'est donc l'engrenage et ce coup de frais sur les relations entre la Russie et la Grande-Bretagne gagne petit à petit le reste de l'Europe. Moscou a promis hier une "réponse ciblée" après l'expulsion de quatre de ses diplomates, sans toutefois détailler ses décisions, assurant vouloir prendre le temps de la réflexion. Mais dans la foulée, Londres a immédiatement averti que "aucunes représailles ne seraient justifiées". La réponse moscovite sera connue dans les jours à venir, mais elle ne devrait viser ni les touristes ni le monde des affaires. La Russie pourrait à son tour expulser des diplomates britanniques. Mais la balle est désormais dans le camp russe pour calmer ou tendre encore la situation. Car face à la Russie, c'est désormais un front uni européen qui s'est construit mardi autour de la position défendue par Londres. A Paris par exemple, la porte-parole du Quai d'Orsay a précisé que la France était "solidaire" de la Russie, dans le "souci que justice soit rendue, compte tenu de la gravité de cette affaire". "Nous appelons Moscou à répondre de manière constructive aux demandes de la justice britannique pour que toute la lumière soit faite et pour que les auteurs de ce crime soient jugés et punis", a-t-elle ajouté. L'Union européenne, par la voix de la présidence portugaise, a affirmé une position identique. Moscou a d'ailleurs senti cette nouvelle pression et met en garde désormais les pays de l'Union européenne pour qu'ils ne se laissent pas "instrumentaliser" par la Grande-Bretagne. Pour la Russie, l'extradition d'Andreï Lougovoï, le principal suspect dans l'assassinat de l'espion russe Alexandre Litvinenko, exigée par Londres, est tout simplement impossible à réaliser car elle est contraire à la Constitution russe. "Ils cherchent à nous punir parce que nous respectons notre constitution", a ainsi expliqué le vice-ministre russe des Affaires étrangères Alexandre Grouchko à des journalistes à Moscou avant d'ajouter : "C'est un chemin qui mène tout droit au conflit." Le dossier Litvinenko est très sensible et touche les plus hautes sphères de l'Etat russe. Alexandre Litvinenko, ancien agent du KGB et opposant à Vladimir Poutine, a succombé à un empoisonnement au polonium 210, un isotope radioactif, en novembre dernier à Londres. La Grande-Bretagne n'accuse pas Moscou d'avoir commandité cet assassinat mais de ne pas faire assez pour retrouver les coupables.