Affaire Gayet : la droite tente d'en profiter

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Rémi Duchemin, avec AFP , modifié à
Après un temps de réflexion, l’opposition, Jean-François Copé en tête, s’en prend à François Hollande.

Pendant près de 48 heures, la droite s’est retenue. Puis les digues ont lâché. Jean-François Copé et consorts n’avaient pas réagi vendredi juste après la divulgation par Closer d’une relation supposée entre François Hollande et l’actrice Julie Gayet. Mais durant le week-end, plusieurs cadres de l’opposition, le président de l’UMP en tête, s’en sont finalement pris au président de la République. Avec un angle d’attaque privilégié : l’image donnée de la France par cette affaire.

"Désastreux pour l’image de la fonction présidentielle". C’est donc Jean-François Copé qui a montré l’exemple dimanche. "Tout cela est désastreux pour l'image de la fonction présidentielle", a commenté le président de l’UMP lors de l'émission "C/Politique" sur France 5. "Il n'y a qu'à lire les titres de la presse internationale. Quand ils parlent de la France en ce moment, c'est soit pour parler de cette affaire, soit de l'affaire Dieudonné", a-t-il poursuivi. Tout en se déclarant "très attaché au respect de la vie privée", il a estimé que cette affaire était "une leçon d'humilité" pour le chef de l'Etat. "Quand on fait la liste des ‘moi président’ qu'il nous avait assénés, avec rétrospectivement beaucoup de prétention", durant la campagne présidentielle, "il ne reste plus grand-chose de tout cela et c'est la fonction présidentielle qui est profondément atteinte", a jugé Jean-François Copé.

"Je ne dramatise pas cette affaire, mais...". D’autres personnalités de droite ont pris le relais sur la même ligne. Sur RTL, Hervé Morin, président du Nouveau Centre, a ainsi accusé François Hollande d’avoir "discrédité un peu plus la fonction présidentielle". Chantal Jouanno, sénatrice UDI, a elle dénoncé l’attitude du chef. "François Hollande a sous-estimé le risque médiatique qu'il prenait avec une légèreté qui n'est pas digne", estime l’ancienne ministre de l’Ecologie dans le JDD.

Pour Pierre Lellouche, le problème vient du fait que "tout le monde rigole". "L’image que ça donne à l’étranger n’est pas du tout la même que celle que nous avons en France. Quand en France on pense que le président  est en bonne santé et qu’après tout c’est son problème, à l’étranger, c’est vécu comme une preuve supplémentaire du côté léger de notre pays", affirme le député  UMP de Paris à Europe 1. "C’est vu comme une preuve supplémentaire que la France est décidément plus douée pour la gaudriole que pour la réforme économique", a-t-il déploré. "Je ne dramatise pas cette affaire, mais il faut être conscient qu’elle a un impact très important".

Une droite toutefois divisée. La ligne de Jean-François Copé ne fait toutefois pas l’unanimité dans son propre camp Il n’y a pas eu de réunion de concertation pour préparer la riposte, et le président de l’UMP a pris l’initiative après n’avoir consulté que sa garde rapprochée. Sans surprise, c’est dans l’entourage de François Fillon, son vieux rival, qu’on se montre le plus sceptique. "C’est un angle d’attaque en or, mais attention à l’effet boomerang", prévient ainsi un proche. "Les Français n’aiment pas qu’on tape sous la ceinture et pour attaquer sur ce sujet, il faut être irréprochable." De fait,  la droite est très divisée sur le sujet. La plupart des ténors se font discret. Au nom du respect de la vie privée, ou par simple souvenir que la "peoplisation" au sommet de l’Etat n’a pas été inventée par François Hollande.

Alain Juppé, lui, n'y a vu qu'une atteinte à la vie privée. "La façon dont on étale ça - pour quel profit, dans quel but ? Ah si, pour faire des ventes, vraisemblablement - est absolument insupportable et odieuse", a déclaré l'ancien Premier ministre lors d'une conférence de presse tenue lundi matin à sa permanence de campagne, dans le centre de Bordeaux. "Je trouve odieux ce genre d'intrusion", a-t-il insisté, jugeant "ce qui se passe  absolument détestable" et soulignant que "tout individu, fût-il président de la République, a droit au secret de sa vie privée". "On va être tous concernés aujourd'hui, on va être géolocalisés en permanence, espionnés de tous les côtés. Défendons la vie privée, c'est quand même un bien précieux qui appartient à chacune et à chacun d'entre nous. Tout le monde a droit au respect de cela", a-t-il encore affirmé.

"Une tentative d'instrumentalisation politique". Evidemment, ces attaques n’ont pas vraiment plu à gauche, où Jean-François Copé fait figure de cible privilégiée. "Ce qui est désastreux, c'est de faire une tentative d'instrumentalisation politique d'une affaire privée", a ainsi attaqué la ministre de la Communication, Aurélie Filippetti, interrogée à ce sujet par BFM TV. "Je crois que M. Copé aurait mieux fait de garder une certaine réserve vis-à-vis de ce qui doit demeurer une affaire strictement privée. Chaque homme politique, Jean-François Copé comme les autres, a droit au respect de sa vie privée", a-t-elle déclaré.

Le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, a de son côté qualifié dimanche d'"indignes" les propos de Jean-François Copé. Le numéro un socialiste dit sa "consternation" après avoir pris connaissance des déclarations du président de l'UMP. "Jusqu'à ce jour, tous les responsables politiques, tous partis confondus, s'en étaient tenus au respect de la règle qui veut qu'une digue soit érigée entre vie privée et vie publique", rappelle-t-il. "M. Copé à nouveau se distingue, il ne peut s'empêcher de faire de la politique politicienne et par ses propos indignes c'est lui qui rabaisse le débat politique. Son comportement n'est pas à la hauteur de ce qu'on attend du responsable d'un grand parti d'opposition", affirme le premier secrétaire.

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