RSF dévoile une enquête qui prouve l'exécution d'un journaliste ukrainien par des Russes

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Louise Bernard, édité par Solène Delinger
Au terme d’une mission d’enquête menée en Ukraine du 24 mai au 3 juin, Reporters sans frontières (RSF) publie un rapport qui rassemble des informations et des preuves matérielles attestant que le photoreporter Maks Levin et son accompagnateur ont été froidement exécutés par des soldats russes le 13 mars dernier. L'ONG cherche désormais l'identité des meurtriers.  

L’ONG Reporters sans frontières a recueilli des "informations et des preuves matérielles". Elle publie un rapport qui démontre que le photojournaliste Maks Levin et son accompagnateur Oleksiy Chernyshov ont été "froidement exécutés et peut-être préalablement interrogés, voire torturés" par des soldats russes. C’était mi-mars. Le reporter se rend avec son accompagnateur dans une forêt, à une vingtaine de kilomètres de Kiev. Il y avait perdu quelques jours plus tôt son drone, qui lui servait à filmer et à documenter cette guerre. Il tenait aux images qu’il contenait. Mais la forêt était, depuis, en partie occupée par les Russes. Il n’a donc jamais pu récupérer son matériel et y a laissé sa vie. 

Si RSF a enquêté, c’est déjà pour aider les enquêteurs ukrainiens, qui sont débordés. Le jour, où le corps du journaliste est arrivé à la morgue, il y en avait une centaine avec lui. La scène de crime n’avait donc pas pu être complètement analysée. Quelques photos seulement ont été prises. Alors, RSF a envoyé le photojournaliste renommé Patrick Chauvel et un enquêteur de l’ONG, Arnaud Froger. Ils ont repris des photos sur place et retrouvé trois balles, dont une qui était enterrée dans le sol, à l’endroit précis où a été retrouvé le corps du journaliste. 

Lutter contre l'impunité dont bénéficient les auteurs de crime contre les journalistes

Des preuves transmises aux autorités ukrainiennes. Au-delà de la nécessité d’aider la police, pour faire avancer l’enquête, il y a aussi pour RSF un message derrière. "Lorsqu'un journaliste se fait tuer, il n'y a pas rien qui se passe, au contraire", explique Arnaud Froger sur Europe 1. "Il faut aller chercher ceux qui ont fait le coup. Cette enquête permet d'une certaine manière de lutter contre une forme d'impunité dont bénéficient les auteurs de crime contre les journalistes". 

Reste donc une question centrale : celle de l’identité précise des soldats russes. C’est l’étape suivante. "Aujourd'hui, on a réduit les recherches à plusieurs unités. Mais on parle de dizaines de milliers d'hommes. Il va falloir réduire cette recherche et trouver l'identité précise des assaillants. On a trouvé des éléments qui ont appartenu aux unités russes et qui présentent des traces ADN. Il y a d'autres pistes que nous allons explorer pour savoir qui a exécuté ce journaliste car c'est l'enjeu majeur de cette enquête".