nathalie saint cricq 9:56
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Juline Garnier , modifié à
Nathalie Saint-Cricq, éditorialiste à France Télévisions, était l'invitée de Thierry Dagiral dimanche matin. La journaliste est revenue sur son expérience lors du débat de l'entre-deux tours de la présidentielle en 2017, qui opposait déjà Emmanuel Macron et Marine Le Pen. 
INTERVIEW

Dans trois jours aura lieu le fameux débat d'entre-deux tours de l'élection présidentielle entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Mercredi à 21 heures, les deux mêmes candidats qu'en 2017 s'opposeront pour essayer de convaincre les électeurs. Il y a cinq ans, c'est Nathalie Saint-Cricq, journaliste éditorialiste à France Télévisions, qui avait la charge de le présenter. Au micro d'Europe 1, elle partage son analyse et les coulisses de ce débat très attendu. "C'est une sorte de match retour. Marine Le Pen a énormément progressé depuis 2017. Elle le dit elle-même, mais cela se constate aussi dans ses meetings, ses prises de paroles ou les émissions télévisées et Emmanuel Macron sait exactement sur quelles thématiques il veut aller", débute la journaliste.

Une préparation minutieuse pour Marine Le Pen

Pour l'élection 2022, la candidate du Rassemblement national bénéficie d'une image plus lisse, qu'elle a travaillé depuis sa défaite en 2017. Ce débat d'entre-deux tours est un enjeu immense et Marine Le Pen ne veut rien laisser au hasard. Dès ce lundi, elle a décidé de s'enfermer pour le préparer minutieusement.

"L'enjeu est immense cette fois-ci, parce que d'après les sondages, c'est plus serré. Donc effectivement, ça doit se préparer", confirme la journaliste. "Elle a compris que la dernière fois, il y avait une dose d'impréparation qui lui a fait défaut. Lorsqu'on l'a vu arriver avec une pile de dossiers, des coupures de journaux et qu'Emmanuel Macron en face avait simplement une feuille de papier A4 avec 15 lignes écrites à la main pour se repérer, on a compris qu'il y avait un peu de flottement", raconte Nathalie Saint-Cricq.

"Et puis, ça s'est précisé à la fois très vite, puisqu'elle s'est emmêlé les pinceaux et à ce moment-là, Macron a définitivement pris l'avantage. Peu de temps après, il y a eu le fameux geste 'ils sont partout' et là il y a eu vraiment un décrochage total, elle a cessé de le regarder. Elle s'est tournée vers nous et elle était perdue", ajoute-t-elle.

Emmanuel Macron ne devra pas se montrer "arrogant" ni "paternaliste"

De son côté, Emmanuel Macron s'est beaucoup montré sur le terrain cette semaine, revenant en arrière sur les retraites et tentant de séduire la gauche. Selon l'éditorialiste, l'enjeu pour le président sortant est de démonter toutes ses propositions sur le pouvoir d'achat et éventuellement de mettre en avant son bilan sur le chômage.

"Et puis il va renvoyer dos-à-dos Marine Le Pen et Éric Zemmour, en disant que c'est un parti -qu'il appelle toujours le Front national- extrémiste, raciste et tout le reste. Tout cela en n'étant pas arrogant, pas paternaliste, pas méprisant", détaille Nathalie Saint-Cricq.

Un débat millimétré pour les présentateurs

Avec 16 millions de téléspectateurs en 2017, le débat est aussi un enjeu pour les présentateurs. Temps de parole, questions et thèmes choisis par les candidats : tout est millimétré. "Ce sera d'ailleurs extrêmement intéressant de voir les thèmes qu'ils vont choisir mercredi. Tout est codifié, les questions doivent être plates." Et d'ajouter que "pour des journalistes, ce n'est pas une émission politique" : "On est là pour les faire accoucher, si j'ose dire, de leur programme. Et les confrontations, c'est entre eux deux. Nous, on est entre spectateurs, animateurs, speakerine… Un mélange de tout ça. Donc c'est certes frustrant, mais ce n'est pas le problème parce que c'est quand même sympa à faire", explique la journaliste.

Gilles Bouleau et Léa Salamé ont été choisis pour présenter le débat de mercredi. Le Rassemblement national a déclaré ne pas vouloir de débat présenté par Anne-Sophie Lapix, d'abord pressentie. Une décision "lamentable" pour Nathalie Saint-Cricq car du fait de l'exercice, les questions sont très cadrées. Une manière de procéder, qui, selon l'éditorialiste, sera amener à changer.