Les relations entre Trump et les médias sont très houleuses. 2:40
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Cyril Lacarrière, édité par Séverine Mermilliod
Alors que le "New York Times" a dépassé les six millions d'abonnés, l'élection présidentielle américaine qui approche pourrait être l'occasion de glaner quelques lecteurs supplémentaires. Mais quid de la relation entre Trump et le journal ? Europe 1 a posé la question à Adam Nossiter, le correspondant du NYT à Paris.

La presse va mal mais il y en a quand même un pour qui les signaux sont au vert : il est Américain, et il s’appelle le New York Times. Le titre compte désormais plus de six millions d’abonnés ! Un cap franchi grâce aux incroyables performances du quotidien américain sur le numérique. La crise sanitaire a accentué les demandes d’information des Américains comme de tous les citoyens de la planète, et la présidentielle aux Etats-Unis devrait à son tour être l’occasion de faire venir de nouveaux lecteurs. Europe 1 a donc demandé à Adam Nossiter, le correspondant du NYT à Paris, comment il anticipait cette séquence présidentielle et s’il pensait que la stigmatisation des médias par le camp Trump pouvait être nocive.

468.000 abonnés en plus au premier trimestre

"C'est ironique que chaque fois que Trump nous stigmatise comme le 'New York Times défaillant', on gagne 10.000 nouveaux lecteurs", s'amuse Adam Nossiter. "Donc toute cette campagne de stigmatisation de notre journal et des autres médias de la part de Trump, et des Républicains plus généralement, a l'effet opposé de ce qu'il recherche".

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : le New York Times a recruté 468.000 nouveaux abonnés sur le digital rien qu’au premier trimestre 2020, un record dans la longue histoire du journal. Mais si Donald Trump ne fait pas peur au correspondant du NYT à Paris, on se souvient qu’en 2016, les médias américains n’avaient pas du tout mesuré la percée de Trump dans l’électorat… Et qu'ils avaient tous promis de se reconnecter au peuple américain.

"Un président menteur"

Mission accomplie? "Reconnecter, je ne sais pas", admet Adam Nossiter. "Je suis sûr qu'il y a une grande partie d'américains qui nous sont fermés à jamais, que nous n'atteindrons jamais. Pour ma part, je dis tant pis pour eux; mais je crois en même temps qu'il y a une grande part des américains qui, jusqu'à présent, n'avait pas ressenti le besoin d'une information factuelle et fouillée et à peu près exacte. Or maintenant, dans cette période où les faits eux-mêmes, la vérité est mise en question chaque jour par un président menteur, oui, ils éprouvent le besoin de nous lire, de nous acheter, de nous soutenir. Un président menteur, et un lectorat américain qui reconnaît que dans une démocratie, les faits, la vérité sont des éléments essentiels."

Le nombre d’abonnés du New York Times continue de progresser de mois en mois, mais le quotidien new-yorkais n’échappe pas à la crise actuelle et donc à la chute de ses revenus publicitaires, avec 15% de moins au cours des 3 premiers mois de l’année. Son patron estime que ce recul sera de 55% pour le deuxième trimestre.