Mathieu Schwartz réalise le documentaire d'animation "Napoléon, la destinée et la mort" 3:15
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Alexis Patri
Mathieu Schwartz réalise le documentaire d'animation "Napoléon, la destinée et la mort", diffusé samedi soir sur Arte. Il était, la veille, invité de l'émission "Culture Médias", où il expliquait le génie communicationnel de l'empereur, capable de bâtir sa légende et son influence politique au mépris de la réalité de sa propre histoire.
INTERVIEW

À quelques jours du bicentenaire de la mort de Napoléon et de la semaine spéciale que consacre Europe 1 à l'empereur, Cuture Médias reçoit Mathieu Schwartz. Le réalisateur signe le documentaire d'animation Napoléon, la destinée et la mort, diffusé samedi soir sur Arte. Il explique comment le plus célèbre Corse de l'histoire a réussi à bâtir sa légende, grâce à son génie de la communication politique. Une propagande personnelle qui faisait régulièrement fi de la réalité des faits.

Mathieu Schwartz prend ainsi en exemple la fameuse bataille du pont d'Arcole, qui a lieu en novembre 1796. "Napoléon doit traverser un pont. C'est un peu compliqué, car il y a des ennemis en face", rappelle le réalisateur. "Il se met en danger en prenant lui-même la tête des troupes. Mais cette traversée du pont d'Arcole est un échec : Napoléon va tomber dans la boue, plus ou moins s'évanouir et être sauvé par son frère. Les soldats ont reculé et le pont ne va pas être traversé."

Les mensonges des tableaux à sa gloire

Le pont d'Arcole n'est traversé que quelques jours plus tard, avec l'aide de renforts. Pourtant, l'histoire populaire retient cet évènement de la campagne d'Italie comme un succès du futur empereur. "Le fait que Napoléon ne soit pas mort lui permet de construire son invincibilité et il va construire sa légende", analyse Mathieu Schwartz. Il va notamment faire faire un tableau par le peintre Gros, où on le voit tournant la tête comme si c'était une sorte d'allégorie de l'histoire. Et ce tableau, il va en faire un élément essentiel de sa promotion. Alors qu'en fait, c'est une défaite."

Pour le réalisateur de Napoléon, la destinée et la mort, l'empereur a très tôt "conscience qu'il doit construire son image et sa légende". Pour cela, il n'hésite pas à faire paraître dans le journal des soldats de la campagne d'Italie des textes à sa gloire, dont on sait aujourd'hui qu'il les a rédigés lui-même.

"Napoléon est sans doute l'un des premiers grands propagandistes modernes", estime Mathieu Schwartz, qui explique la différence entre une autre peinture et la réalité. "Dans le tableau de Marengo, il se montre avec un cheval blanc en train de franchir le col de Marengo, alors qu'il l'a franchi avec un âne. Sauf que la propagande doit le montrer dans toute sa splendeur."

La gloire avant la vérité sera le credo de Napoléon jusqu'à la fin de sa vie. "Quand il dicte ses mémoires, Napoléon réécrit complètement son histoire", explique Mathieu Schwartz. "C'est quelqu'un qui a complètement compris que la propagande était un élément absolument essentiel pour créer sa légende." Le nombre pléthorique d'évènements accompagnant le bicentenaire de sa mort semble indiquer que l'empereur a réussi sa mission.