«Missing Kelly» : un père en deuil au cœur d'un singulier documentaire de France 2

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Héloïse Goy, avec Alexis Patri , modifié à
Dans sa case "25 nuances de doc", France 2 diffuse mercredi soir le documentaire "Missing Kelly", qui suit Mike Hudgins, un père de famille américain qui enquête sur la mort inexpliquée de son fils. Ses réalisateurs Laura Froidefond et Antoine Favre expliquent à Europe 1 pourquoi ils voulaient raconter cette histoire poignante.

Il s'appelle Mike Hudgins, il a 75 ans, il est né et vit toujours à Cynthiana dans le Kentucky. Veuf, il a connu plusieurs drames dans sa vie, dont la mort inexpliquée de Kelly, l'un de ses fils dont le corps a été retrouvé près d'une rivière. C'est l'histoire de cet homme que racontent mercredi soir les réalisateurs Laura Froidefond et Antoine Favre dans le documentaire Missing Kelly, diffusé dans la case de la collection "25 nuances de doc". La police a classé l'affaire de la mort de Kelly, mais Mike continue de mener lui-même l'enquête pour savoir ce qu'il s'est passé.

Le "constat d'échec" d'un père attentionné

Laura Froidefond et Antoine Favre avaient rencontré Mike Hudgins lors d'un précédent tournage, avant la mort de son fils Kelly. "Dès que l'on a rencontré Mike, on a su que la chose la plus importante dans sa vie était de préserver ses enfants", se souvient la réalisatrice au micro d'Europe 1. "À son sens, il a échoué dans cette mission, puisqu'il a perdu deux de ses cinq enfants. Donc faire un film sur un père qui a bâti toute sa vie autour de ses enfants et qui se retrouve à la fin de sa vie sur une forme de constat d'échec, pour nous ça avait un sens."

"C'est plus qu'une enquête qu'il mène, c'est un deuil", complète son collègue. "Et ce deuil-là est le plus impossible à faire. Donc cette enquête est la plus difficile à résoudre."

Un portrait de l'autre Amérique

Au-delà de cette enquête, que Mike est bien décidé à mener jusqu'à son dernier souffle, le portrait de cet homme (qui a travaillé toute sa vie sans prendre de vacances) est aussi l'occasion de montrer l'Amérique profonde, celle des déclassés, de ceux qui n'ont pas réalisé leur rêve américain. Une Amérique qui a aussi voté pour Donald Trump.

"Moi et ma famille, on a voté pour Trump", confie Mike dans le documentaire. "Je ne dirais pas qu'il est fou. Mais il est différent. Et c'est justement pour cela qu'on l'apprécie. Les autres présidents sont à la botte des grands pontes. Donald Trump, lui, leur dit non. Enfin, peut-être que je me trompe."

"Nous n'avons pas du tout fait un film politique. En revanche, c'est vrai qu'il nous parle de cette Amérique qui nous paraît toujours lointaine de l'Europe", explique à notre micro Antoine Favre. "Nous n'avons pas voulu en faire un porte-drapeau, mais Mike est de fait un représentant de cette Amérique qui a vécu un semblant de rêve américain après la Seconde guerre mondiale, et qui maintenant se retrouve avec une paupérisation et une concentration des richesses. C'est une Amérique qui prend sa retraite très tard, avec très peu d'argent."

Le film, particulièrement bien réalisé, mêle plusieurs temporalités. On y voit notamment des images filmées au caméscope des fils de Mike, quand ils étaient encore enfants. Émouvant et très poignant, Missing Kelly est diffusé mercredi soir à partir de 00h05 sur France 2. Pour les couche-tôt, le documentaire est aussi à retrouver sur france.tv pendant 60 jours.