Loi "Sécurité globale" : les journalistes alertent d'un "risque pour toute la population"

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Alexis Patri
Emmanuel Poupard, premier secrétaire général du Syndicat national des journalistes, explique dans "Culture Médias" pourquoi le projet de loi "Sécurité globale", et notamment son article 24 qui veut encadrer les vidéos de policiers en intervention, inquiète les journalistes, bien au-delà de leur propre métier.
INTERVIEW

Pourra-t-on encore filmer les policiers ? La question se pose très largement après la présentation du projet de loi "Sécurité globale" et son article 24. Invité de Culture Médias, le premier secrétaire général du Syndicat national des journalistes (SNJ), Emmanuel Poupard, explique pourquoi les journalistes s'inquiètent de cette loi, pour l'exercice de leur métier, mais aussi pour l'ensemble de la population.

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"Une entrave aux citoyens et aux droits de l'Homme"

Pour le premier secrétaire général du SNJ, ce projet de loi pose d'ailleurs problème au-delà de son article 24. "Les articles 21, 22 et 23 empêchent aussi les citoyens d'être les garants de la démocratie en 'surveillant' les agissements de la police", estime-t-il. "Ce projet de loi constitue donc une entrave très générale aux citoyens et aux droits de l'Homme au sens large. On s'en inquiète énormément."

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a défendu mercredi sur Europe 1 un projet de loi qui permettrait d'éviter "le harcèlement en ligne des policiers". Sur ce point, Emmanuel Poupard ne comprend pas que la loi se concentre uniquement sur ce corps de métier. 

Une inquiétude qui gagne l'ONU

Au-delà du Syndicat national des journalistes, c'est une large partie de la profession qui alerte sur le contenu de ce projet de loi. La Société des rédacteurs d'Europe 1 comptait ainsi parmi les nombreux cosignataires d'un appel à mobilisation intitulé "Proposition de loi Sécurité globale : la liberté d’informer attaquée lors du rassemblement pour le droit à l’information".

D'autres acteurs démocratiques s'alarment, comme le rappelle Emmanuel Poupard du SNJ. "La défenseure des droits Claire Hédon s'est offusquée de cette proposition de loi", rappelle-t-il. "Il y a aussi, et ce n'est pas rien de le dire, trois rapporteurs spéciaux de l'Organisation des Nations unies, la communauté internationale des États, qui alarment de ce projet."

La manifestation de mercredi soir contre ce projet de loi s'est notamment soldé par la mise en garde à vue d'un journaliste de France 3.