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Aurélie Dupuy
Dans une troisième saison piquante, la série "Mais pourquoi nous détestent-ils ?" à voir sur Planète + démonte de nouveaux préjugés à l'encontre des gros, des vieux et des malades.
INTERVIEW

C’est une programme télé qui bouscule. Le quidam bien installé dans son canapé sera surement aussi happé par la curiosité que gêné par ses propres préjugés. Car la série documentaire Mais pourquoi nous détestent-ils ? démonte les stéréotypes. Après avoir mis les projecteurs sur les juifs, les Arabes et les noirs dans la saison une, les homosexuels, les femmes et les pauvres dans la saison 2, voici venus les vieux, les malades et les gros à la lumière de cette saison 3.

Les personnages sont respectivement incarnés par Marcel Amont, Pierre Ménès et Charlotte Gaccio. Ils étaient les invités de Patrick Cohen dans C’est arrivé demain pour présenter ces nouveaux épisodes qui seront diffusés à partir du mardi 1er octobre à 20h55 sur Planète +.

La grossophobie, des cours de récré aux réseaux sociaux

S’ils sont gros, c’est de leur faute. Voici le préjugé "qu’on essaye de déconstruire", explique  Charlotte Gaccio. "Etre gros, ce n’est pas une question de volonté", martèle-t-elle. Mais le documentaire montre que ce n’est pas l’avis de tous. A commencer par les enfants, loin d’être tendres. "Tous les enfants mettent à part l’enfant gros. (…) Ils sont déjà discriminants." La grossophobie ne s’arrange pas avec l’âge. En témoigne Pierre Ménès, qui a été obèse : "Si vous allez sur mes réseaux sociaux, les gens qui ne m’aiment pas, c’est immédiatement ‘gros porc’", explique-t-il.

Charlotte Gaccio a affronté le même genre de remarques dégradantes à l’annonce de sa grossesse. "C’était absolument immonde. Quand on annonce quelque chose aussi chouette qu’une grossesse désirée, c’est un peu violent. Je me le suis vraiment pris en pleine gueule", confie la comédienne, fille de Michèle Bernier et Bruno Gaccio.

Entendu sur europe1 :
J’ai été obèse et moi c’était complètement de ma faute. J’ai payé la facture

Marcel Amont, 90 ans, peut lui aussi témoigner de la haine que peuvent susciter ses quelques décennies au compteur. "J’ai été carrément agressé", annonce-t-il, sans parler des assureurs qui refusent de prendre en charge son spectacle.

Pierre Ménès quant à lui incarne le pan peut-être le plus original et le plus douloureux de la saison. Lui qui a été très malade et a subi une double greffe met en exergue le triptyque qui met à l’écart un grand nombre de malades : la culpabilité, l’immobilité et l’humiliation. 

"Quelque chose qui peut nous arriver à tous"

"J’ai été obèse et moi c’était complètement de ma faute. Je bouffais trop, mes reins ont lâché, mon foie a lâché. J’ai payé la facture", raconte-t-il, pour expliquer le volet culpabilité. "L’immobilité, c’est cinq mois en fauteuil et alité. Et l’humiliation, c’est parce que l’hôpital, c’est être à poil dans son lit, faire ses besoins dans son lit, ce sont des gens qui vous donnent à manger, vous nettoient et encore, je suis extrêmement bien tombé." Il ajouter qu'il mesure sa chance d’être revenu à sa vie professionnelle d’avant, à l’inverse de certains dans le documentaire, comme cette notaire exclue de son étude ou ce séropositif qui ne peut pas trouver un dentiste pour un détartrage.

Il faut d’ailleurs penser que si cette saison est aussi percutante, c’est parce que ces groupes-là – les gros, les malades, les vieux – "incarnent nos peurs", explique Charlotte Gaccio. "Parce que c’est quelque chose qui peut nous arriver à tous."