Stéphane Albouy 1:46
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Rémi Duchemin
Stéphane Albouy, directeur des rédactions du Parisien, explique sur Europe 1 comment son journal a pu donner vendredi soir une fausse information. Notamment par le rapport aux sources d’ordinaire très fiables et très prudentes.
ON DÉCRYPTE

Xavier Dupont de Ligonnès arrêté. Cela promettait d’être l’information du week-end, de la semaine, de l’année peut-être. Mais elle aura finalement fait un flop. Car contrairement à ce qu’annonçait vendredi soir Le Parisien d’abord, puis toutes les autres rédactions de France très rapidement, l’homme arrêté à Glasgow par la police écossaise n’était pas l’homme le plus recherché de France depuis huit ans. Le Parisien et d’autres ont fait leur mea culpa depuis. Lundi matin, Stéphane Albouy, directeur des rédactions du Parisien, est venu raconter comment des sources, d’ordinaire extrêmement fiables et prudentes, ont induit le journal en erreur.

"Une source, ce n’est pas quelqu’un qui est dans une tour de contrôle de l’Etat, de la police ou de la magistrature, et qui nous appelle. Une source, c’est quelque chose qui se construit au fil des années", a affirmé le journaliste en guise d’introduction. "Nos reporters, lorsqu’ils ont un échange sur une enquête de cette nature, de cette sensibilité, ils l’ont avec des personnes qu’ils connaissent depuis des années. Ce sont des gens qui se suivent, avec lesquels la confiance est tissée au fil du temps."

"Des enquêteurs qui font preuve d’une extrême prudence. Mais là, vendredi soir…"

Au total, cinq sources différentes ont confirmé l’information au Parisien. Et ce qui a joué, c’est la certitude affichée par chacune d’entre elles. "Ce qui s’est passé vendredi soir, c’est que vous avez des enquêteurs qui travaillent depuis des années sur ce dossier. Et qui font preuve depuis des années, parce qu’il y a eu plein de fausses alertes, d’une prudence extrême", a précisé Stéphane Albouy. "On a cru retrouver son squelette, on a cru qu’il était dans un monastère… A chaque fois, ces personnes et ces enquêteurs ont dit ‘attention’. Mais là, vendredi soir, pour des raisons qu’on continue à décortiquer et à essayer de comprendre, les mêmes personnes nous disent ‘ça y est, on l’a, c’est le bon !’"

Voilà donc comment Le Parisien, et dans son sillage la majeure partie de la presse française, a pu délivrer au grand public une information inexacte. "Ce changement de tonalité est quelque chose d’essentiel", insiste Stéphane Albouy.